Reprise de l'étude :Obésité. Les lipides agiraient sur notre cerveau comme une drogue
L'action des lipides sur la motivation et la recherche de plaisir de la prise alimentaire permettrait de mieux comprendre les causes de l'obésité.
GRAISSES. Pourquoi se lève t-on la nuit pour un morceau de chocolat, mais rarement, voire jamais, pour une envie de carotte ? Selon une équipe du CNRS, certaines graisses contenues dans le chocolat, les triglycérides, agiraient directement sur le cerveau, en particulier sur le "circuit de la récompense", contrôlant la motivation et le plaisir à ingérer tel ou tel aliment. Or ce même circuit est aussi impliqué dans la dépendance aux drogues.
Cette étude, publiée dans la revue Molecular Psychiatry, est la première à conclure que les triglycérides provenant de l'alimentation pourraient agir comme des drogues dures dans le cerveau.
Certaines graisses diminuent la motivation à manger une friandise et à faire du sport...
ENZYMES. Pourquoi trouve-t-on dans le cerveau, au cœur du circuit de la récompense, une enzyme capable de décomposer les triglycérides, alors que le cerveau ne consomme que du glucose ? C'est la question fondamentale que se sont posée les chercheurs.
MÉTHODE. Pour y répondre, ils ont simulé l'action d'un bon repas chez des souris en leur injectant directement vers le cerveau de faibles quantités de lipides. Ils ont alors observé qu'une perfusion de triglycérides dans le cerveau diminue la motivation de l'animal à actionner un levier pour obtenir une friandise. Quant à son activité physique, elle diminue de moitié. De plus, une souris « perfusée » équilibre son alimentation entre les deux sources alimentaires proposées (nourriture riche en graisses et aliments plus simples).
Afin de s'assurer que ce sont bien les lipides injectés qui modifient le comportement de la souris, les scientifiques ont fait en sorte qu'ils ne puissent plus être détectés par le cerveau de l'animal. Ils ont réussi à éliminer l'enzyme spécifique aux triglycérides en réduisant au silence son gène codant, et ce, uniquement au cœur du mécanisme de la récompense. L'animal montre alors une motivation accrue pour obtenir une récompense, et, s'il en a le choix, une consommation de nourriture riche nettement supérieure à la moyenne. Ce résultat confirme celui d'une étude précédente, publiée en 2013 dans Molecular Metabolism : une diminution de cette enzyme dans l'hippocampe induit une obésité.
... mais une longue exposition aux graisses n'élimine pas l'attirance pour les friandises
OBÉSITÉ. Paradoxalement, en cas d'obésité, l'équipe du CNRS a constaté que les taux de triglycérides circulant dans le sang et donc dans le cerveau, sont plus importants que la moyenne. Or, l'obésité est souvent associée à des comportements de surconsommation d'aliments sucrés et gras. Les auteurs de l'étude l'expliquent ainsi : en cas de fortes et longues expositions aux triglycérides, la souris affiche toujours une activité locomotrice en berne. Par contre, l'attirance pour les friandises n'est plus éliminée ! Les conditions idéales sont donc réunies pour la prise de poids. A taux soutenus de triglycérides, le cerveau s'adapte pour obtenir sa récompense, de façon similaire aux mécanismes observés lors de consommation de drogues.
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