Evaluation du statut nutritionnel de 866 résidents en EHPAD dans le territoire du Limousin, et liens avec la démence et la mobilité
T.Vernier Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 34, Issue 1, April 2020, Pages 22-23
Introduction et but de l’étude
La prévalence de dénutrition chez les personnes âgées en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendants (EHPAD) est évaluée entre 15 et 40 %, mais les données françaises sont très rares. Le réseau ARS Limousin Nutrition (LINUT) évalue et prend en charge du point de vue nutritionnel les résidents d’EHPAD. L’objectif de l’enquête était d’évaluer les résidents de 13 EHPAD volontaires en Limousin de manière exhaustive.
Matériel et méthodes
Les évaluations étaient réalisées entre 2008 et 2014. L’analyse était rétrospective. L’état nutritionnel des résidents était déterminé grâce aux critères de la HAS de 2007 (âge > 70 ans), ou de 2003 (âge < 70 ans). La démence était évaluée par le MMSE (< 24), la mobilité par un des critères (déplacement du lit au fauteuil ou grabataire versus mobilisation plus large possible) du Mini Nutritional AssessmentÒ. Les tests utilisés étaient les tests exact de Fisher, t de Student et ANOVA (significativité pour p < 0,05).
Résultats et analyse statistique
Étaient inclus 866 résidents (66,6 ± 14,7 résidents/EHPAD), dont 70,6 % de femmes, avec un âge moyen de 85,3 ans ± 9,3 ans, un IMC moyen de 26,4 ± 5,3 kg/m2. 45,7 % des patients étaient déments et 31,1 % avaient une mobilité réduite.
La prévalence de la dénutrition était de 27,5 %, du surpoids de 16,5 %, de l’obésité de 22,9 %. Les femmes étaient plus souvent dénutries que les hommes (30,7 % versus 20,0 %, p = 0,01), plus âgées (87,1 ± 8,1 versus 80,7 ± 10,4 ans, p < 0,0001), plus souvent démentes (51,9 % versus 30,8 %, p < 0,0001) et à mobilité réduite (66,3 % versus 75,4 %, p = 0,02). Les résidents déments étaient plus souvent dénutris (34,4 % versus 19,2 %, p < 0,0001), moins souvent en surpoids (12,9 % versus 19,9 %, p = 0,01) et obèses (19,5 % versus 28,5 %, p = 0,004). Les résidents avec des troubles de la mobilité étaient plus souvent dénutris (49,5 % versus 16,7 %, p < 0,0001), moins souvent en surpoids (7,9 % versus 20,5 %, p = 0,01) et obèses (19,9 % versus 25,5 %, p < 0,0001). Il n’y avait pas de différence pour les prévalences de dénutrition et d’obésité entre les EHPAD, ni selon les années des évaluations.
Conclusion
Cette enquête est la première enquête nutritionnelle exhaustive réalisée en EHPAD en France. La dénutrition était présente dans 27,5 % des cas, touchant plus souvent les femmes, les résidents déments et ceux à mobilité très réduite. Cette valeur est dans la fourchette des valeurs internationales (4,8–53,3 %), cependant très disparates quant aux recrutements et aux méthodes utilisées. 22,9 % des résidents étaient obèses, dans les limites publiées en institutions (16,2–28,0 %). Les prévalences de la dénutrition et de l’obésité étaient bien supérieures à celles des personnes âgées vivant au domicile (respectivement 2,6 % et 16,0 %) [1].