Lipides et performance chez des athlètes d’endurance : optimisation et représentations
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 30, Issue 2, June 2016, Pages 116–117 S. Lasserre
Introduction et but de l’étude
Lors d’un effort d’endurance, l’organisme puise dans ses réserves de glycogène et de triglycérides. Le maintien de l’effort dépend de l’entraînement, mais aussi de la capacité d’exploiter ces substrats de manière optimale. Présents en quantité largement supérieure au glycogène (4 à 8 kg contre moins de 1 kg), les triglycérides ont un potentiel énergétique attractif, mais leur oxydation, plus lente, leur confère un moindre rendement énergétique. Notre question était de savoir si une exposition à une diète riche en lipides permettait d’améliorer l’oxydation lipidique, d’épargner le glycogène à l’effort, et d’améliorer la performance. Par ailleurs, nous souhaitions explorer les représentations et les pratiques d’un échantillon d’athlètes d’endurance concernant les lipides.
Matériel et méthodes
Une recherche systématique d’articles publiés entre 1985 et 2015 a été effectuée sur la base de données Medline via PubMed. Les études comparaient les performances d’athlètes d’endurance exposés pendant plus de 3 jours à une diète riche en lipides (L+) soit plus de 45 % de l’apport énergétique total avec celles obtenues lors d’apports en lipides de moins de 30 % de l’apport énergétique total (L−). Des entretiens individuels ont été menés avec 3 athlètes d’endurance pratiquant plus de 10 h par semaine et naïfs de tout suivi nutritionnel. Les apports nutritionnels moyens déterminés par anamnèse ont été comparés aux recommandations de l’American College of Sports Medecine (2013) (Tableau 1). Les représentations concernant les lipides alimentaires en lien avec la performance ont été identifiées et analysées à partir des transcriptions verbatim des entretiens.
Résultats
Sept essais contrôlés répondaient aux critères d’inclusion. Tous ont résulté en une augmentation de l’oxydation lipidique et une épargne du glycogène lors de diète L+. Aucune étude n’a démontré une amélioration de la performance moyenne en intensité sous-maximale, mais des améliorations individuelles ont été observées.
Lors d’efforts de haute intensité, les performances étaient amoindries chez tous.
Les apports lipidiques des sujets (2 hommes, 1 femme, 25 à 35 ans, 50 à 80 kg), étaient à la limite supérieure des recommandations de l’ACSM mais adéquats selon le Swiss Forum of Sport Nutrition (1,4 à 1,8 g/kg). Les athlètes décrivaient une discipline alimentaire destinée à contrôler leur poids, limiter les quantités et favoriser les « bonnes » matières grasses.
Conclusion
Une diète L+ augmente l’oxydation lipidique à l’effort, mais sans se traduire par une amélioration mesurable de la performance. Il semble toutefois que certains athlètes puissent bénéficier de cette adaptation métabolique, mais les facteurs favorisant doivent encore être investigués. Les connaissances, les représentations et les pratiques devraient être prises en compte en cas de mise en œuvre de ce type de diète.
