Le cancer de la prostate: les principaux facteurs de risque et les facteurs protecteurs – Les modifications épigénétiques
Annales d'Endocrinologie 76 - N°1 - février 2015 Page :25-41 Mawussi Adjakly
Avec 13 millions de nouveaux cas recensés dans le monde chaque année, le cancer de la prostate apparaît comme un problème de santé publique. C’est une pathologie fréquente chez l’homme de plus de 50ans et qui représente la sixième cause de mortalité par cancer chez l’homme dans le monde. Le cancer de la prostate à l’instar des autres types de cancer est une pathologie multifactorielle. Des facteurs non-modifiables tels que l’hérédité, l’appartenance ethnique, la localisation géographique ont été rapportés, mais il existe d’autres facteurs de risque modifiables tels que l’alimentation. Le rôle de l’alimentation dans la survenue des cancers suscite depuis quelques années un intérêt croissant. Le postulat de l’alimentation dans le déterminisme des cancers vient de données épidémiologiques qui font état d’une différence d’incidence de nombreux cancers entre les populations. En effet, des corrélations ont été établies entre une alimentation riche en graisses et la survenue de cancers hormono-dépendants comme le cancer de la prostate et le cancer du sein. L’alimentation constitue un facteur de risque pour le cancer de la prostate. Cependant, des micronutriments contenus dans certains aliments sont considérés comme facteurs protecteurs vis-à-vis de la pathologie cancéreuse. Parmi ces micronutriments, on retrouve par exemple le lycopène dans la tomate, l’épigallocatéchine gallate dans le thé vert et les phyto-œstrogènes dans le soja.
Ces micronutriments exerceraient une action protectrice via des actions anti-oxydantes, une inhibition de la prolifération cellulaire. Ici, nous nous sommes particulièrement intéressés aux effets des phyto-œstrogènes notamment à la génistéine et à la daidzéine qui sont les deux plus étudiées en nutrition. Les phyto-œstrogènes du soja sont des molécules non-stéroïdiennes qui ont la capacité de mimer les effets du 17β œstradiol du fait de leur similarité de structure. Outre les effets antioxydants, les phyto-œstrogènes du soja auraient la capacité de moduler les modifications épigénétiques retrouvées dans le cancer de la prostate. Nous avons aussi étudié l’impact des phyto-œstrogènes sur les modifications épigénétiques notamment la méthylation de l’ADN, la régulation par les miARNs et les modifications des histones dans le cancer de la prostate.