Mise au point sur la consommation d’alcool en France, ses conséquences sur la santé et la dose recommandée
An update on alcohol consumption in France, its consequences on health and the recommendation in terms of daily dose
Catherine Hill Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 35, Issue 3, September 2021, Pages 161-167
La consommation d’alcool en France continue à être très élevée, avec des conséquences très sérieuses pour la santé de la population. Nous montrons que cette consommation est passée de 55 grammes d’alcool pur par adulte et par jour en 1955 à 25 grammes en 2019 ce qui reste élevé et qu’elle contribue en 2015 à 8 % des cancers dont 15 % des cancers du sein et à 7 % de la mortalité totale, essentiellement par cancer, maladies cardiovasculaires et digestives, et accidents.
Nous présentons les principaux résultats d’une étude d’épidémiologie génétique réalisée en Chine, pays où des variants des gènes de l’aldéhyde déshydrogénase et de l’alcool déshydrogénase rendant déplaisante l’ingestion d’alcool sont fréquents. Cette étude montre que l’effet bénéfique apparent d’une faible dose d’alcool sur certains risques cardiovasculaires est très probablement un artefact, car il disparaît quand on les étudie en utilisant la randomisation mendélienne. Nous présentons les recommandations actuelles des autorités sur la dose d’alcool à ne pas dépasser, et les discutons à la lumière d’une méta-analyse rassemblant 83 études prospectives dans lesquelles au total près de 600 000 personnes ont été interrogées sur leur consommation d’alcool et ensuite suivies pour étudier leur mortalité toute cause et par cause spécifique de décès. Cette étude infirme l’existence d’une dose optimale d’alcool qui réduirait la mortalité globale. L’ensemble des données disponibles aujourd’hui justifie donc la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la consommation d’alcool qui est : « moins c’est mieux ».
Abstract
Alcohol consumption has been traditionally high in France, with serious consequences on the health of its population. We show that this consumption decreased from 55 grams of pure ethanol per adult per day in 1955 to 25 grams in 2019 which is still quite high. Alcohol has been estimated to have caused, in 2015, 8 % of the cancers including 15 % of breast cancers, and 7 % of the overall mortality, mostly from cancer, cardiovascular and digestive disease, and accidents. We present the main results of a study in genetic epidemiology conducted in China, country with a high frequency of aldehyde dehydrogenase and alcohol dehydrogenase gene variants that are associated with discomfort when drinking alcohol. This study indicates that the apparent beneficial effect of a low dose of alcohol on some cardiovascular risks is very likely to be an artifact, since it disappears when studied on the basis of Mendelian randomization. We present the current French recommendations on alcohol consumption, and discuss these in the light of a meta-analysis which examined 83 prospective studies on a total of about 600 000 persons interviewed on their alcohol consumption and followed thereafter to observe their overall and cause-specific mortality. This study disproves the existence of an optimal dose of alcohol that would be associated with a reduced risk of death. The overall evidence available today justifies the World Health Organisation recommendation for alcohol consumption: « Less is better ».
