L’apport protéique en cancérologie : limite-t-il la malnutrition ou favorise-t-il la croissance tumorale ?
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 33, Issue 1, March 2019, Pages 73-74 B.Martin
Introduction et but de l’étude
Le niveau d’apport protéique en cancérologie est un sujet de controverse. En effet, un apport trop élevé en protéine pourrait favoriser la croissance tumorale, et au contraire des apports hypo protéiques favoriseraient la dénutrition et l’état de cachexie, ce dernier étant un facteur de morbi-mortalité chez les patients. À ce jour, il n’existe pas d’étude clinique ou expérimentale permettant de trancher la question.
L’objectif est donc d’évaluer l’influence de différents apports protéiques dans un modèle de rats cancéreux sous chimiothérapie.
Matériel et méthodes
Soixante-dix-huit rats femelles (Fisher 344) ont été divisés en 6 groupes : un groupe témoin (C) sans cancer ni chimiothérapie (n = 8) et avec un régime standard (100 % des besoins en protéines) et 5 groupes avec cancer (tumeur du colon « Ward » injectée en sous cutané) et deux cycles de chimiothérapie (CPT-11 et 5-FU) (K), avec des régimes différents (n = 14) et des quantités différentes de protéines (50 %, 75 %, 100 %, 150 % et 200 % des besoins en protéines). La prise alimentaire, le poids des animaux ainsi que la taille de la tumeur sont mesurés quotidiennement. Lors de l’euthanasie, les organes sont pesés et la synthèse protéique est évaluée dans les muscles et la tumeur.
Le protocole a été validé par le comité d’éthique (APAFIS#11492-2017112715178992).
Résultats et analyse statistique
Le cancer se traduit par une perte de poids des animaux (C = 171,5 ± 2,6 vs K = 150,8 ± 2,4). De même au niveau tissulaire, le cancer induit une atrophie du foie (p < 0,005), du thymus (p < 0,005), de la masse maigre (p < 0,005) et de la masse grasse (p < 0,005). De façon étonnante, ces altérations de la composition corporelle ne sont pas affectées ni par les apports hyper protéiques ni par les apports hypo protéiques. Par ailleurs, la synthèse protéique n’a pas montré de différence entre les groupes. Concernant la croissance tumorale, celle ci n’est pas affectée par le niveau d’apport protéique.
Conclusion
Nos premières données suggèrent que ni le statut nutritionnel ni la croissance tumorale ne semble modulée par le niveau d’apport protéique.
