Effet de la citrulline sur les niveaux d’expression des microARN sériques et musculaires chez des hommes âgés entraînés à haute intensité par intervalles (HIIT)
P.Noirez Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 34, Issue 1, April 2020, Pages 50-51
Introduction et but de l’étude
Les micro-ARNs (miRs) sont des ARNs non-codants de petite taille qui régulent l’expression génique en se liant à une séquence complémentaire sur l’ARN messager cible aboutissant à la répression de sa traduction ou à sa dégradation. Ils sont impliqués dans la réponse du muscle squelettique à l’entrainement chez l’animal et chez l’homme [1]. Le but de notre étude était de mesurer les effets d’un entrainement de type HIIT (High Intensity Interval Training ou Entraînement à haute intensité par intervalles) associé ou non à la prise de L-Citrulline (CIT) sur l’expression du miRome sérique et musculaire chez l’homme agé.
Matériel et méthodes
Neuf hommes (âge moyen: 66,6 ± 2,9 ans ; 6 hommes du groupe placebo et 3 du groupe CIT, 10 g/jour) soumis à un entrainement HIIT pendant 12 semaines, appartenant à une cohorte de 56 hommes et femmes [2] ont subi un prélèvement sérique et une biopsie musculaire une semaine avant et une semaine après la période d’entrainement afin d’analyser l’expression des miRomes sériques et musculaires. La quantification de l’expression des miRs a été réalisée par la technique NGS (Next Generation Sequencing) selon la méthode préconisée par EXIQON (Danemark). L’extraction des miRs a été réalisée à partir de 400 μl de sérum ou 5 mg de muscle (Biofluids extraction kit, Exiqon®, Danemark), suivie par la préparation de la bibliothèque, l’amplification et le séquençage (plate-forme Illumina). Pour l’analyse statistique, les mesures ont été normalisées avec la méthode TMM (Trimmed Mean of M-values).
Résultats et analyse statistique
Un total de 225 miRs sériques et 379 miRs musculaires ont été détectés avec un niveau d’expression ≥ 1 TPM, limite de détection fiable (Tags Per Million, le nombre de lectures pour un miR particulier était divisé par le nombre total de lectures et multiplié par 1 million). Après avoir utilisé une correction de type Benjamini-Hochberg pour éliminer les faux positifs, 5 miRs sériques du groupe CIT avaient un niveau d’expression significativement différent avant et après entrainement: hsa-miR-744-5p, hsa-miR-106b-5p, hsa-miR-484, hsa-miR-151a-3p et hsa-miR-6511a-3p (p < 0,05, FDR à 5 %). Aucun miR du groupe placebo n’avait une expression significativement modifiée. Au niveau musculaire, notre approche a mis en évidence 59 miRs avec un niveau d’expression significativement différent avant et après entrainement dans le groupe placebo et 8 dans le groupe CIT dont 7 communs aux 2 groupes. Ces miRs étaient différents de ceux mis en évidence au niveau sérique. Les 5 miRs musculaires à la fois les plus exprimés et présentant la plus grande différence d’expression avant et après entrainement étaient hsa-miR-483-5p, hsa-miR-504-5p, hsa-miR-542-3p, hsa-miR-483-3p et hsa-miR-146b-5p (p < 0,05, FDR à 5 %).
Conclusion
Avec une approche de type NGS, l’expression des miRs circulants semble influencée par la CIT avant et après entraînement HIIT. Afin de déterminer l’utilité clinique de ces marqueurs, la prochaine étape de validation consistera à mesurer ces miRs spécifiques dans l’ensemble de la cohorte.