Apports alimentaires, via les compléments alimentaires et totaux en antioxydants et risque de cancers digestifs dans la cohorte prospective NutriNet-Santé
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 31, Issue 3, September 2017, Pages 226 M. Touvier
Introduction et but de l’étude
De nombreuses études expérimentales ont montré un effet bénéfique des antioxydants dans la prévention des cancers digestifs. Toutefois, les études épidémiologiques restent contrastées. En outre, relativement peu disposent des doses d’apport incluant une mesure quantitative de la consommation via les compléments alimentaires. L’objectif était d’étudier les associations entre les apports en vitamines C et E, bêta-carotène et sélénium (alimentaires, via les compléments alimentaires et totaux) et le risque de cancers digestifs, ainsi qu’une potentielle modulation par l’apport en alcool et le statut tabagique.
Matériel et méthodes
Cette étude prospective incluait 38 812 sujets âgés de 45 ans et plus, de la cohorte NutriNet-Santé. Cent-soixante-sept cas de cancers digestifs incidents (120 côlon-rectum, 26 pancréas, neuf oesophages, sept estomacs et cinq foies) ont été diagnostiqués entre 2009 et 2016. Les données alimentaires étaient recueillies par des enregistrements de 24 h répétés. Un questionnaire spécifique estimait la consommation de compléments alimentaires sur une période de 12 mois. Une base de données de composition contenant 8000 compléments a été développée. Les associations entre apports en antioxydants et risque de cancers digestifs ont été caractérisées par des modèles de Cox multivariés.
Résultats et Analyse statistique
Les apports en vitamine C alimentaires (HRQ4 contre Q1 = 0,55 (0,34–0,91), p-tendance = 0,01) et totaux (HRQ4 contre Q1 = 0,51 (0,30–0,84), p-tendance = 0,008) étaient associés à une diminution du risque de cancers digestifs, de même pour les apports en vitamine E alimentaires (HRQ4 contre Q1 = 0,56 (0,34–0,92), p-tendance = 0,005) et totaux (HRQ4 contre.Q1 = 0,58 (0,36–0,94), ptendance = 0,003) et les apports en sélénium alimentaires (HRper 1-unit increment = 0,99 (0,98-1,00), p = 0,04) et totaux (HRper 1-unit increment = 0,99 (0,98–1,00), p = 0,03). Des interactions significatives entre les apports alimentaires et totaux en sélénium et l’apport en alcool, et entre l’apport total en vitamine E et le statut tabagique ont été observées.
Conclusion
Cette large étude prospective, incluant une évaluation quantitative des apports via les compléments alimentaires, suggère un possible effet protecteur des antioxydants (vitamines C et E et sélénium) sur le risque de cancers digestifs. Elle suggère également une modulation de certaines de ces relations par la consommation d’alcool et le statut tabagique.