Prise en compte de la biodisponibilité des nutriments lors de l’identification de régimes alimentaires plus durables : la consommation de viande est-elle toujours à réduire ?
Integrating nutrient bioavailability when identifying sustainable diets: How low should we reduce meat consumption?
Marlène Perignon CAHIERS DE NUTRITION ET DE DIÉTÉTIQUE 2019
Les problèmes actuels de santé publique et d’environnement nécessitent d’identifier des changements de régimes qui améliorent la qualité nutritionnelle et réduisent l’impact environnemental de notre alimentation. Une approche d’optimisation de l’alimentation a été utilisée pour déterminer si la prise en compte de la biodisponibilité des nutriments pourrait avoir une influence sur la composition, en particulier en viande, d’une alimentation plus durable.
Deux régimes aussi proches que possible du régime moyen observé chez les adultes et ayant un impact environnemental réduit d’au moins 30 % ont été obtenus : dans le premier modèle (NE), le respect des apports nutritionnels recommandés était imposé pour tous les nutriments ; dans le deuxième modèle (NEB), l’adéquation nutritionnelle a été mieux assurée en prenant en compte la biodisponibilité du fer, du zinc, des protéines et de la vitamine A.
La quantité totale de viande, égale à 110g/j et à 168g/j dans le régime moyen observé chez les femmes et les hommes respectivement, a diminué de 78 % et 67 % pour les femmes, et de 68 % et 66 % pour les hommes, dans les régimes NE et NEB, respectivement. La quantité de viande de ruminant, égale à 36g/j et 54g/j dans le régime moyen observé chez les femmes et les hommes respectivement, a encore plus sévèrement diminué de 84 % et 87 % pour les femmes, et de 80 % et 78 % pour les hommes, dans les régimes NE et NEB, respectivement. La part des protéines d’origine animale a diminué dans les deux régimes modélisés, passant d’environ 66 % dans les régimes observés à un peu plus de 50 % dans les régimes alimentaires modélisés. Il est donc nécessaire de réduire la consommation de viande des adultes français pour tendre vers une alimentation plus durable, et la prise en compte de la biodisponibilité des nutriments ne semble pas remettre en cause cette conclusion.
Summary
Current public health and environmental issues require identifying dietary changes that both improve nutritional quality and reduce the environmental impact of our diet. A diet optimization approach has been used to assess whether taking into account the bioavailability of nutrients would influence the composition, especially in meat, of more sustainable diets. Two diets as close as possible to the average diet observed in adults and with a reduced environmental impact of at least 30% were obtained: in the first model (NE), compliance with the recommended dietary intakes was imposed for all nutrients; in the second model (NEB), nutritional adequacy was further ensured by taking into account the bioavailability of iron, zinc, protein and vitamin A. Starting from 110g/d in women's OBS diet (168g/d for men), total meat quantity decreased by 78% and 67% for women (68% and 66% for men) in NE and NEB diets, respectively. Starting from 36g/d women's OBS diet (54g/d for men), ruminant meat quantity dropped severely by 84% and 87% in NE and NEB diets for women (80% and 78% for men). The share of protein of animal origin decreased in the 2 modeled diets, from about 66% in the diets observed to slightly more than 50% in modeled diets. Reducing meat consumption of French adults is thus a necessity to improve diet sustainability, and taking into account nutrient bioavailability does not modify this conclusion.