Le reportage "Freefight" d'Enquête exclusive s'attire les foudres du milieuFree-fight: La folie des combats clandestins diffusé dimanche soir sur M6 s'est attiré les foudres des professionnels et amateurs du milieu qui dénoncent un reportage "monté de toutes pièces". La chaîne réfute tout bidonnage. "Monté de toutes pièces", "infondé", "chef d'oeuvre de désinformations", "bidon"... Les critiques pleuvent ce lundi contre le reportage d'Enquête exclusive, Free-fight: La folie des combats clandestins, diffusé dimanche soir sur M6 (
à voir en intégralité ici). Pour les fans et les professionnels du secteur, l'émission ferait l'amalgame entre le MMA -interdit en France-, le free fight, les combats clandestins et le muay thaï et peint un portrait caricatural des pratiquants de ces différents sports.
Free-fight: La folie des combats clandestins s'annonce comme une enquête sur "un nouveau phénomène qui fait fureur dans les cités: les combats clandestins". L'émission de Bernard de la Villardière illustre ses propos par des combats clandestins en banlieue parisienne, organisée par des personnes aux visages non floutés ou encore par Morsay, un youtubeur sulfureux, 'coutumier des "fake"' écrit Le Monde. Il se poursuit par des reportages sur le MMA aux Etats-Unis et le Muay Thaï en Thaïlande.
Dès la fin de la diffusion du reportage, les premiers commentaires -révoltés, moqueurs, critiques et parfois insultants- ont fusé sur Twitter et Facebook.
Cyrille Diabaté, l'un des premiers pratiquants de MMA en France -depuis 1996-, quadruple champion du monde de muay thaï et coach de "la plus grande équipe française de MMA, la Snake Team", explique-t-il, a mené les premières offensives sur sa page Facebook. "Il n'y a pas de combats clandestins en France", affirme-t-il dans un message qui a récolté presque 2000 likes, 400 partages et près de 150 commentaires (à l'heure où ces lignes sont écrites). .
Il a ensuite diffusé les textos échangés avec Camille Courcy, la réalisatrice du reportage, qui l'avait contacté en amont du tournage.
Un (faux?) compte Twitter jette de l'huile sur le feuL'ex-champion du monde a également publié des tweets et messages privés qu'il a échangés avec une personne présentée comme Valérie R. Une journaliste qui aurait travaillé sur la première partie du reportage consacrée aux combats clandestins et qui affirment notamment que le reportage a été diffusé "pour qu'il [le MMA, NDLR] reste interdit" en France car "La violence ne doit pas avoir cours dans notre société".
Elle explique également qu'Enquête exclusive a "dealé" avec le rappeur Morsay de pouvoir filmer des combats clandestins contre le fait de citer son nom plusieurs fois. "Il fallait des images", se défend-t-elle, avant de confondre MMA et Freefight.
Sauf que du côté de M6 personne ne semble connaître cette fameuse Valérie. "Ni nous, ni Camille Courcy ne la connaît, aucune personne du nom de Valérie n'a travaillé sur ce reportage", affirme-t-on du côté de la chaîne, contactée par L'Express, qui ajoute qu'"aucun journaliste qui a travaillé sur cette enquête ne pourrait confondre free fight et MMA". Les amalgames et fautes de traductions sont pourtant nombreuses dans le documentaire...
"Vous pensez que je vais faire des faux SMS? Tout ce que j'ai diffusé est 100% authentique", nous affirme de son côté Cyrille Diabaté, également contacté par L'Express. Le compte Twitter de @Valerie19811, bloqué dans la journée de lundi, est brièvement débloqué en fin de journée. Après quelques échanges dans lesquels la "journaliste de 35 ans" n'a pas pu apporter de preuves de son travail pour Enquête exclusive, la conversation tourne court et le compte est à nouveau bloqué. Entre-temps, de nombreux messages ont été supprimés. Et depuis, le compte Twitter a même changé de nom. Véritable journaliste ou faux compte qui a abusé les acteurs de cette "affaire"? Difficile de savoir.
Les passionnés "humiliés" par le reportageQuoi qu'il en soit, Cyrille Diabaté a été largement imité sur Twitter et Facebook, et a également reçu de nombreux soutiens. Le site Muaythai Galaxy dénonce lui aussi le reportage et s'indigne de "l'humiliation (subie par) l'ensemble des passionnés et amateurs d'arts martiaux et de sports de combats". BoxeMag, un portail spécialisé dans les sports de combat, s'est fendu d'un message sur sa page Facebook officielle pour dénoncer un reportage "infondé", où des "figurants" ont joué.
"Le reportage est grossièrement fait pour faire de l'audience", confie Cyrille Diabaté, "remonté", à l'Express. "Je suis dans le milieu depuis tellement longtemps, si des combats clandestins avec des combattants de MMA étaient organisés, ça remonterait forcément à mes oreilles", estime-t-il. "Quant à Morsay, c'est un personnage médiocre qui a pourtant été invité 3 fois par M6 dans différents reportages (...) tout a été fabriqué de A à Z", conclut-il.
Que répond M6?"Les équipes d'Enquête exclusive ne suivent pas que Morsay dans le reportage", se défend M6, qui réfute tout bidonnage: "Toutes les scènes sont réelles". Il n'y a "aucun amalgame dans ce documentaire", assure la chaîne: "Le sujet n'était pas sur le MMA mais sur les combats clandestins et le manque d'encadrement de cette discipline", assure-t-on.
Morsay, lui, a indiqué sur son compte Twitter être très satisfait du "reportaje" (sic).