Le microbiote intestinal : un acteur clé dans les effets métaboliques de l’inuline chez les patients obèses
J.Rodriguez Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 33, Issue 1, March 2019, Pages 4-5
Introduction et but de l’étude
Il a été précédemment démontré qu’une supplémentation avec des prébiotiques, de type inuline, pouvait améliorer les désordres métaboliques associés à l’obésité chez certains patients. En utilisant un modèle de souris « humanisées » grâce à un transfert de microbiote intestinal provenant de patients obèses, nous avons tenté de répondre à la question suivante : la composition du microbiote intestinal influence-t-elle la réponse à l’inuline ?
Matériel et méthodes
Le microbiote intestinal de souris C57BL/6Jrj âgées de 4 semaines a été déplété à l’aide d’une antibiothérapie à large spectre permettant une élimination de plus de 99,8 % des bactéries totales. Une semaine plus tard, les souris ont été recolonisées avec les selles provenant de quatre patients obèses (hum-ob), choisis en raison de profils différents du microbiote intestinal (index de diversité bactérienne, abondance de Bifidobacterium spp.,…). Les souris hum-ob, ainsi qu’un groupe de souris conventionnelles ont ensuite été soumises à un régime riche en graisses durant quatre semaines, et supplémentées ou non avec 0,2 g/souris/jour d’inuline native (Cosucra, Belgium) (n = 6–9 souris par groupe).
Résultats et Analyse statistique
Même si les souris hum-ob tendaient à prendre plus de poids après le régime riche en graisses, comparées aux souris conventionnelles, des différences de réponse à la diète obésogène entre les quatre donneurs étaient clairement visibles. De plus, la supplémentation en inuline a largement réduit la prise de poids chez un des quatre donneurs (environ 30 %, p < 0,05), Cet effet a été récapitulé seulement chez les souris transplantées avec le microbiote de ce donneur, ce qui a permis d’analyser les mécanismes en jeu et les conséquences métaboliques de la sélectivité de réponse (augmentation de la thermogenèse dans le tissu adipeux brun, diminution des lipides intramusculaires, réduction de l’adiposité et de la stéatose hépatique). L’augmentation des bifidobactéries, signature de la réponse du microbiote à l’inuline, n’a pas été retrouvée chez tous les donneurs, suggérant que la diversité de réponse est liée à l’impact sur la composition du microbiote intestinal. Les données d’analyse transcriptomiques sont en cours en vue d’analyser les changements bactériens en lien avec les modifications d’expression de gènes clés dans les tissus de l’hôte.
Conclusion
Nos travaux, basés sur le modèle de transfert de microbiote intestinal de patients obèses chez la souris, permettent d’analyser le mécanisme moléculaire en jeu dans la réponse différentielle à une approche nutritionnelle visant à améliorer l’obésité chez le patient, un contexte particulièrement important dans la prise en charge personnalisée du patient.