Insuffisance journalière en acides gras polyinsaturés n-3 (AGPI) dans la population générale française des enfants (3-10 ans) et des adolescents (11-17 ans): l'enquête INCA2
Philippe Guesnet Journal européen de la nutrition 2018 pp 1-9
Objectif
Cet article traite des apports journaliers diététiques des principaux acides gras polyinsaturés (AGPI) chez les enfants et les adolescents français.
Méthodes
Les apports alimentaires des principaux AGPI ont été déterminés à partir d'une population générale française de 1500 enfants (3-10 ans) et adolescents (11-17 ans) en utilisant les plus récentes données nationales robustes sur les aliments (Enquête nationale INCA 2 réalisée en 2006 et 2007).
Résultats
Les principaux résultats ont montré que les apports quotidiens moyens de graisses totales et d'acide linoléique de PUFA n-6 (LA, 18: 2n-6) étaient proches des valeurs recommandées pour les enfants et les adolescents. Cependant, 80% (enfants) à 90% (adolescents) de nos populations françaises ont non seulement ingéré de faibles quantités d'acides gras polyinsaturés à chaîne longue n-3 (docosahexaénoïque (22: 6n-3) et eicosapentaénoïque (20: 5n-3)) mais aussi de très faibles quantités d'acide alpha-linolénique (ALA, 18: 3n-3) à l'origine d'un rapport n-6 / n-3 non équilibré. Une consommation inadéquate d'EPA + DHA a également été observée dans des sous-groupes de nourrissons et d'adolescents qui ont consommé plus de deux portions / semaine de poisson.
Conclusions
Un tel déséquilibre des apports alimentaires en AGPI en faveur des AGPI n-6 pourrait avoir un impact négatif sur l'incorporation membranaire des AGPI n-3 à longue chaîne et des effets délétères sur la santé des enfants et des adolescents. La promotion de la consommation à la fois d'huiles végétales et de margarines riches en ALA et de poisson gras riche en AGPI n-3 à longue chaîne pourrait améliorer ce déséquilibre des PUFA.