Consommation de viandes rouges et charcuteries et risque de cancer du sein - modulation par une supplémentation en antioxydants dans l’étude SU.VI.MAX
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 28, Supplement 1, December 2014, Pages S42 C. Pouchieu
Le niveau de preuve concernant l’association entre la consommation de viandes rouges et de charcuteries et le risque de cancer du sein est limité du fait du manque de données prospectives. En outre, les études expérimentales suggèrent que certains antioxydants pourraient moduler ces relations, mais l’on manque d’informations épidémiologiques sur le sujet. L’objectif de cette étude était d’investiguer l’association prospective entre consommation de viandes rouges et de charcuteries et risque de cancer du sein et, pour la première fois, d’évaluer l’effet modulateur potentiel d’une supplémentation en antioxydants sur ces relations.
Matériel et méthodes
L’étude SU.VI.MAX est un essai randomisé en double aveugle versus placebo dans le cadre duquel les participants ont reçu quotidiennement un mélange de vitamines/ minéraux antioxydants à doses nutritionnelles ou un placebo entre 1994 et 2002. La présente analyse prospective d’observation incluait 4684 femmes, parmi lesquelles 190 ont développé un premier cancer du sein incident entre 1994 et 2007 (11,3 ans de suivi en moyenne). Les données alimentaires à l’inclusion ont été évaluées par des enregistrements de 24 h répétés en 1994–1995. Le risque de développer un cancer du sein a été comparé selon les quar-tiles d’apports en viandes rouges et charcuteries par des modèles de Cox multivariés dans l’échantillon total puis en stratifiant sur le groupe de supplémentation en antioxydants.
Résultats et Analyse statistique
Nous avons observé une augmentation du risque de cancer du sein avec la consommation de charcuteries (HRQ4vs.Q1 = 1,45 (0,92–2,27), Ptendance = 0,03), avec un résultat plus marqué pour les charcuteries hors jambon cuit (HRQ4vs.Q1 = 1,90 (1,18–3,5), Ptendance = 0,005). Après stratification sur le groupe de supplémentation, les précédentes associations étaient statistiquement significatives dans le groupe placebo (HRQ4vs.Q1 = 2,45 (1,28–4,72), Ptendance = 0,001 pour la charcuterie), mais pas dans le groupe supplémenté en antioxydants (Ptendance = 0,7).
Conclusion
Cette étude prospective suggère que la consommation de charcuteries serait associée à un risque accru de cancer du sein, en accord avec les données expérimentales. Elle suggère également que les antioxydants pourraient moduler cette association en contrecarrant les effets potentiellement pro-cancérigènes des charcuteries sur le risque de cancer du sein.