Les endocannabinoïdes stimulent la synthèse protéique dans un modèle de myotubes en culture
O.Le Bacquer Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 32, Issue 4, November 2018, Pages 275-276
Introduction et but de l’étude
Le système endocannabinoïde est impliqué dans le contrôle de la prise alimentaire, du métabolisme énergétique, et participe au développement de l’obésité et du diabète de type 2. Ce système, présent dans la plupart des tissus, comprend des ligands endogènes spécifiques, appelés endocannabinoïdes (EC) tels que l’anandamide (AEA) et le 2-arachidonoyl glycérol (2AG), leur système enzymatique de synthèse et de dégradation et au moins deux récepteurs CB1 et CB2. Au niveau musculaire, quelques études ont montré le contrôle de la signalisation de l’insuline et de la captation du glucose par les EC. Il a également été montré que le système endocannabinoïde régule la différenciation musculaire et est capable de moduler les capacités oxydatives du muscle, probablement via la biogenèse mitochondriale, comme précédemment observé dans les cellules neuronales. L’objectif de cette étude était de déterminer l’impact d’un traitement court aux endocannabinoïdes sur la synthèse protéique musculaire.
Matériel et méthodes
Après différenciation, des cellules C2C12 (modèle de myotubes en culture) ont été incubées en présence de doses croissantes (100 Nutrimuscle–25 μM) d’agonistes (AEA, ACEA, et 2-AG) ou d’agoniste inverse (rimonabant) au récepteur CB1. La synthèse protéique a été mesurée par Western Blot en utilisant la technique SUnSET (incorporation de puromycine dans les protéines naissantes). L’activation des voies Akt, mTOR et ERK a été quantifiée par Western Blot. Les résultats ont été analysés par ANOVA à une voie et exprimés en moyenne ± sem.
Résultats et analyse statistique
L’incubation en présence de 2AG ou d’ACEA ne modifie pas la synthèse protéique de cellules C2C12 différenciées. Après 6 h d’incubation, la synthèse protéique musculaire est accrue de 80 % en présence de 10 μM d’AEA (p < 0,01) et de 150 % en présence de 10 μM de rimonabant (p < 0,01). Cet effet de l’AEA et du rimonabant est dose- et temps-dépendant avec un effet maximal pour une dose de 10 μM et une durée d’incubation de 6 h (p < 0,01). Les états de phosphorylation d’Akt, de la S6 K et de ERK1/2 ne sont pas modifiés par ces traitements. La stimulation de la synthèse protéique induite par le rimonabant est diminuée en présence d’AEA (p < 0,05), ce qui suggère une compétition entre l’AEA et le rimonabant.
Conclusion
Dans des cellules C2C12, une incubation courte (1–6 h) en présence d’AEA ou de rimonabant induit une stimulation de la synthèse protéique. Cet effet ne semble pas faire intervenir les voies Akt, mTOR ou ERK1/2.