Comportements de santé à risque et addictions chez les étudiants en profession de santé : évolution entre 2007 et 2015
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 31, Issue 1, February 2017, Pages 70 J. Delay
Huit ans après la première étude Campus santé, notre objectif était d’évaluer l’évolution des comportements addictifs, du niveau de stress, des habitudes de consommation et troubles du comportement alimentaire des étudiants d’un campus santé. Nous avons également exploré la relation entre les étudiants et leur médecin traitant.
Matériel et méthodes
Un auto-questionnaire anonyme, multithématique a été distribué aux étudiants en médecine, pharmacie, orthophonie, kinésithérapie, imagerie et soins infirmiers entre les mois de mars et de mai 2015. Les données ont été saisies puis analysées de façon descriptive, puis une étude analytique par régression logistique a permis d’identifier les principaux facteurs associés aux comportements des étudiants. Le logiciel SPSS version 20 a été utilisé. Le protocole d’étude a été validé par le comité d’éthique de la recherche non interventionnelle local.
Résultats et analyse statistique
Mille trois cent quatre-vingt-onze étudiants ont été inclus dans l’étude. La population était majoritairement constituée de femmes mais la différence entre les sexes était moindre qu’en 2007 (73,1 % de femmes en 2007 contre 63,2 % en 2015, p < 10−3). Concernant les consommations de substance psychoactives, par rapport à 2007, le tabagisme actif avait diminué (24,6 % contre 36,3 %), le binge drinking et l’usage nocif d’alcool (score CRAFFT) étaient retrouvés chez une plus grande proportion d’étudiants (sont passés respectivement de 24,6 % à 40,3 % et de 23,8 % à 27,0 %).
La consommation de cannabis était stable entre les deux années. Les niveaux de stress étaient comparables entre 2007 et 2015. En revanche, la consommation de médicaments psychotropes était moindre en 2015 (25,5 % contre 32,8 % en 2007). La proportion d’étudiants pensant avoir un bon équilibre alimentaire était plus importante en 2015 (67,5 % contre 59,6 % en 2007) alors que les recommandations du PNNS étaient moins souvent respectées. Il n’y avait pas de différence significative entre les deux années concernant la proportion des étudiants à risque de troubles du comportement alimentaire : 13,3 % des hommes et 28,7 % des femmes avaient un SCOFF positif. Les étudiants étaient 87,2 % à être à l’aise pour discuter avec leur médecin traitant. Être une femme, être stressé, avoir un score CRAFFT positif et avoir un score SCOFF positif étaient associés avec le fait de ne pas se sentir à l’aise pour en discuter avec son médecin traitant.
Conclusion
Malgré les campagnes de prévention menées ces dernières années, les étudiants restent une population particulièrement exposée aux conduites à risque comme le montre l’augmentation des comportements à risque vis-à-vis de l’alcool. Il semble donc important que l’ensemble des professionnels amenés à interagir avec les étudiants prenne une part active à la sensibilisation et à la prévention de ces comportements à risque.