Profils de biomarqueurs de nutriments et risque de démence
A. Samieri Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 31, Issue 3, September 2017, Pages 245
Introduction et but de l’étude
Le rôle de la nutrition dans le vieillissement cognitif a principalement été investigué par une approche nutriment isolé, qui est loin d’appréhender la complexité des relations entre alimentation et cerveau. Les profils de nutriments offrent une approche plus holistique de l’exposition nutritionnelle. Nous avons mis à profit les données de la cohorte des Cités (cohorte 3-C), une vaste étude en population sur la démence avec une biobanque constituée en 1999–2000 et un suivi au long cours pour les performances cognitives et l’incidence de la démence, pour identifier les profils de biomarqueurs de nutriments liposolubles associés au risque de démence dans les 12 années suivant le dosage sanguin.
Matériel et méthodes
Nous avons inclus 666 participants de l’étude 3-C non déments et dotés de mesures plasmatiques pour 22 nutriments liposolubles (12 acides gras, six caroténoïdes, deux formes de vitamine E, rétinol [vitamine A]) à l’inclusion, qui ont été suivis jusqu’à 12 années avec une évaluation répétée des performances cognitives et un recueil systématique des nouveaux cas de démence et de maladie d’Alzheimer (la principale forme de démence). Les profils de nutriments associés au risque de développer une démence dans les 12 ans ont été identifiés par régression PLS-Cox (partial least square regression for Cox models). L’association multivariée entre les profils de nutriments identifiés et le risque de démence a ensuite été investiguée en utilisant un modèle de Cox standard.
Résultats
Un profil caractérisé par une combinaison « délétère » associant un statut sanguin diminué en vitamine D, en caroténoïdes, en acides gras polyinsaturés et un statut augmenté en acides gras saturés, était fortement associé à un risque augmenté de démence selon l’analyse PLS-Cox. Après ajustement sur de nombreux facteurs de confusion potentiels (y compris la qualité alimentaire globale évaluée par un score d’adhérence au régime méditerranéen), les sujets dans le plus haut quintile de score pour cette composante de l’analyse PLS avaient un risque de démence multiplié par 4 par rapport aux sujets dans le premier quintile de score (HR = 4,20, IC 95 % 1,86–9,42, p de tendance < 0,001). En outre, l’association entre le profil de biomarqueurs de nutriments et le risque de démence apparaissait plus forte que celle observée avec les nutriments isolés.
Conclusion
Un profil sanguin reflétant une combinaison de plusieurs déficiences en nutriments (vitamine D, caroténoïdes, acides gras polyinsaturés) chez des sujets non-déments apparaît fortement associé à un risque augmenté de démence dans les 12 années suivantes dans notre grande cohorte de sujets âgés.