Association entre la variation de poids et le temps de sommeil total quel que soit le statut pondéral : étude chez les volontaires de la cohorte web NutriNet-Santé
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 31, Issue 1, February 2017, Pages 55 V. Andreeva
À l’heure actuelle, les indices anthropométriques et la variation de poids au cours du temps restent très peu étudiés par rapport aux différents troubles du sommeil. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’association entre la variation de poids de plus de 5 kg et le temps de sommeil, en se focalisant sur les courts et les longs dormeurs.
Matériel et méthodes
La variation de poids de plus de 5 kg au cours des 5 dernières années ainsi que le temps de sommeil total ont été évalués en 2014 chez 41 610 adultes (74,6 % de femmes, âge moyen = 46,9 ans) de la cohorte web NutriNet-Santé. Les analyses (ajustées sur des données sociodémographiques et de santé) ont été réalisée à partir de régression logistique polytomique, stratifiées selon le sexe.
Résultats et analyse statistique
La perte de poids était rapportée par 12,5 % des hommes et 13,0 % des femmes, tandis que la prise de poids était rapportée par 13,7 % des hommes et 21,8 % des femmes. Les femmes ayant eu une perte de poids au cours des 5 dernières années étaient plus à risque d’avoir un court sommeil (< 6 heures par nuit) par rapport à celles dont le poids est resté stable (OR ajusté = 1,15 ; IC à 95 % : 1,05–1,25). Les hommes et les femmes ayant eu un gain de poids étaient plus à risque d’être courts dormeurs par rapport à ceux dont le poids est resté relativement stable (hommes : OR ajusté = 1,20 ; IC à 95 % : 1,05–1,37 ; femmes : OR ajusté = 1,24 ; IC à 95 % : 1,15–1,33). En revanche, les hommes ayant eu un gain de poids étaient moins à risque d’être longs dormeurs (≥ 8 heures par nuit) (OR ajusté = 0,83 ; IC à 95 % : 0,70–0,97). Le statut pondéral n’apparaissait pas être un modificateur d’effet de ces associations. Les analyses de sensibilité, excluant les individus sous traitement pour des troubles du sommeil, ont montré les mêmes résultats.
Conclusion
Cette étude montre que le temps de sommeil total est associé à une variation de poids (perte ou gain) sur les 5 dernières années, avec un effet différent selon le sexe. Ces résultats pourraient permettre de mieux cibler les populations dont le temps de sommeil n’apparaît pas optimal pour la mise en place d’interventions de santé publique.