Relation entre consommation de viande et humeur : rôle possible de l’indole bactérien ?
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 31, Issue 1, February 2017, Pages 56–57 C. Philippe
L’implication du microbiote intestinal dans divers aspects de la physiologie de l’hôte est bien documentée. En revanche, son implication dans le fonctionnement du cerveau est encore peu explorée. Nous avons montré, chez le rat, que l’indole, métabolite bactérien du tryptophane alimentaire, favorise des comportements de type anxieux et dépressifs. Le but de notre étude est de rechercher, chez l’homme, s’il existe une relation entre alimentation et humeur, et d’examiner plus particulièrement le rôle de l’indole, dans cette relation.
Matériel et méthodes
NutriNet-Santé est une cohorte prospective d’adultes français permettant d’étudier les relations entre comportements alimentaires, apports nutritionnels et santé (http://info.etude-nutrinet-sante.fr). À partir de cette cohorte, nous avons étudié les relations entre consommation alimentaire et humeur, celle-ci étant caractérisée à l’aide du questionnaire Center for Epidemiological Studies Depression Scales (CES-D). L’étude a porté sur 1554 participants répondant aux critères d’inclusion suivants : femmes âgées de 45 à 60 ans, pour lesquelles des échantillons urinaires ont été collectés dans la biobanque de NutriNet-Santé et ayant renseigné au moins 2 questionnaires CESD répétés. Chez ces sujets, nous avons analysé l’indoxylsulfate urinaire qui est le métabolite majeur de détoxification de l’indole.
Résultats et analyse statistique
Les analyses statistiques montrent une relation positive entre la consommation de viande et le risque d’humeur à tendance dépressive (score < 17) mais ne montrent pas de relation entre la consommation de fibres alimentaires et l’humeur. Les premières analyses de l’indoxylsulfate, menées pour l’instant sur un effectif de 140 femmes, indiquent que la concentration urinaire de ce métabolite augmente avec la consommation de viande, diminue avec la consommation de fibres alimentaires et tend à être plus élevée chez les femmes ayant une humeur à tendance dépressive.
Conclusion
Si les résultats d’analyse de l’indoxylsulfate se confirment chez toutes les femmes sélectionnées, cela signifiera que le microbiote et plus particulièrement l’un de ses métabolites, l’indole, pourraient être impliqués dans la relation entre consommation de viande et humeur.