Acides gras polyinsaturés à longue chaîne n-3 et risque cardiovasculaire : un mauvais procès d’inefficacité
Jacques Delarue CAHIERS DE NUTRITION ET DE DIÉTÉTIQUE- 28/04/18
Cette mise au point a pour objectifs de préciser sur la base des essais récents et en particulier des nouvelles méta-analyses l’état des lieux sur ce sujet ainsi que les mécanismes qui sous-tendent ces effets. L’épidémiologie met en évidence une très faible prévalence de cardiopathie ischémique chez les Inuits dans les années 50–70. Les travaux de Bang & Dyerberg dans les années 70 les ont conduits à proposer l’hypothèse que la teneur élevée en AGPI-LC n-3 de l’alimentation traditionnelle des Inuits était susceptible d’expliquer ce constat épidémiologique ; le mécanisme invoqué était la moindre agrégabilité plaquettaire.
L’occidentalisation ultérieure du mode de vie des Inuits rend compte de l’augmentation de leur risque cardiovasculaire à partir des années 80. De l’ensemble des études de cohorte et des essais cliniques randomisés (ECRs), il apparaît que si les effets préventifs des AGPI-LC n-3 en prévention primaire ne sont pas formellement établis, leur effet protecteur en prévention secondaire est bien réel, du moins pour un apport>1g/j d’EPA+DHA et plus particulièrement chez des patients avec hypertriglycéridémie (>1,50 g/l) et/ou avec LDL cholestérol élevé (>1,30g/L), et ce alors même que ces patients ont un traitement médicamenteux de plus en plus conséquent destiné à éviter la récidive d’événements cardiovasculaires.
Récemment, à côté des conseils nutritionnels d’une augmentation des apports en produits d’origine marine susceptible de permettre d’atteindre un niveau>1g/j d’EPA+DHA, ont été développés, des compléments hautement purifiés et concentrés d’EPA±DHA. Aux États-Unis, de nouvelles formes pharmaceutiques ont été acceptées par la FDA pour le traitement de l’hypertriglycéridémie à la dose quotidienne de 4g. Des ECRs avec ces nouvelles formes sont en cours pour apprécier leur bénéfice potentiel en prévention primaire ou secondaire.