Est-il dangereux de manger du saumon d'élevage ?Par Sciences et Avenir avec AFP Publié le 26-09-2014La Norvège tente de lever la suspicion sur son saumon présenté comme "la nourriture la plus toxique au monde" par un reportage du magazine "Envoyé Spécial".DOCUMENTAIRE. Novembre 2013: un reportage d'Envoyé Spécial (France 2) provoque l'émoi en France. Il présente le saumon norvégien comme "la nourriture la plus toxique au monde", bourrée de produits chimiques.
Quelques mois plus tôt, le gouvernement norvégien lui-même recommandait aux femmes enceintes et aux enfants de limiter leur consommation de poissons gras comme le saumon, leurs lipides retenant particulièrement les polluants.
Un recul perceptible des ventesA l'été 2014, les importations de saumon en France reculent de 5% sur un an. Une baisse liée avant tout à la flambée des prix mondiaux.
Mais "il est possible que (les polémiques) aient eu un impact, même si c'est difficile à quantifier", reconnaît Gabriel Chabert, responsable marketing en France du groupe norvégien Marine Harvest, premier producteur mondial de saumon d'élevage.
FOURNISSEUR. L'enjeu est crucial pour la Norvège qui produit 1,2 million de tonnes par an et en exporte 15% vers la France, son premier client. La Norvège est aussi le premier fournisseur de l'Hexagone, avec 85% des parts de marché.
"Les niveaux de contaminants dans le saumon d'élevage sont bien en-dessous des normes fixées par les autorités sanitaires", contre-attaque Randi Nordstoga Haldorsen, responsable de la sécurité alimentaire chez Marine Harvest, où l'AFP a pu se rendre à la mi-septembre.
Moins d'antibiotiques et de dioxineL'écrasante majorité des élevages norvégiens a renoncé à utiliser des antibiotiques, confirme Greenpeace Norvège.
Ils ne sont plus nécessaires car "depuis des années nous vaccinons les saumons. Il n'y a presque plus de maladies", explique Hermund Asheim, responsable de l'une des 114 fermes d'élevage de Marine Harvest, perdue dans un fjord brumeux, à 100 kilomètres au nord de Bergen, la deuxième ville de Norvège.
Posés sur la mer tels de gigantesques nénuphars, des filets de 30 mètres de profondeur enserrent de 60.000 à 180.000 saumons chacun.
Testés par l'association de défense des consommateurs "60 Millions de consommateurs" cet été, 18 filets de saumon d'élevage, dont dix norvégiens, ne montraient pas "de résidus d'antibiotiques quantifiables".
La Norvège met aussi en avant ses progrès sur les PCB (polychlorobiphényle) et dioxines, résidus industriels suspectés d'être cancérigènes.
Du PCB présent mais en "faible teneurs""En dix ans, ils ont reculé d'un tiers", constate Ingvild Eide Graff, directrice de recherche à l'Institut national de recherche sur la nutrition et les produits de la mer (Nifes).
Les PCB sont présents dans tous les saumons testés par 60 Millions de consommateurs mais en "faibles teneurs". En France, sur les cinq dernières années, la Direction générale de l'alimentation (DGAL) a détecté seulement deux saumons "non-conformes" pour ces polluants. En 2013, tous les saumons norvégiens testés respectaient les normes européennes.
Cette évolution est liée à celle de la nourriture des saumons, des granulés autrefois composés essentiellement de farines et d'huiles de petits poissons, contaminés par la pollution industrielle marine.
ÉVALUATION. Aujourd'hui, ils contiennent davantage d'huile végétale (colza, parfois soja).
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