Association prospective entre le potentiel inflammatoire du régime alimentaire et le risque de symptômes dépressifs incidents
M.Adjibade Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 33, Issue 1, March 2019, Pages 104-105
Introduction et but de l’étude
Il a été suggéré que l’inflammation (pouvant être modulée par l’alimentation) joue un rôle important dans l’étiologie de la dépression, mais les études prospectives portant sur l’association entre le potentiel inflammatoire du régime alimentaire et la dépression en population générale sont limitées. L’objectif de la présente étude était donc d’examiner l’association prospective entre le potentiel inflammatoire du régime alimentaire et le risque de symptômes dépressifs dans une population d’adultes français.
Matériel et méthodes
L’étude a porté sur un échantillon de 26 730 hommes et femmes (âgés de 18 ans ou plus) de la cohorte NutriNet-Santé, qui avaient des données alimentaires valides, avaient rempli le questionnaire Center for Epidemiologic Studies-Depression Scale (CES-D) au moins 2 fois au cours du suivi (avec un maximum de 3 points disponibles par participant) et qui n’avaient pas de symptômes dépressifs lors de la première évaluation de la symptomatologie dépressive (CES-D < 17 pour les hommes et < 23 pour les femmes). Les cas incidents de symptômes dépressifs étaient les participants qui présentaient des symptômes dépressifs au moins une fois au cours du suivi. Le potentiel inflammatoire du régime alimentaire a été mesuré à l’aide d’une version alternative du Dietary Inflammatory Index original, nommée Alternate Dietary Inflammatory Index (ADII), un score élevé reflétant une alimentation pro-inflammatoire. Les associations entre l’ADII et le risque de symptômes dépressifs ont été évaluées à l’aide des ratios de risques instantanés (HR) et leurs intervalles de confiance (IC) à 95 %, estimés en utilisant des modèles de Cox à risque proportionnel pour les données censurées par intervalles.
Résultats et analyse statistique
Au cours du suivi, 2221 cas de symptômes dépressifs incidents ont été identifiés. Après ajustement sur différents facteurs de confusion potentiels, les participants qui étaient dans le quatrième quartile de l’ADII (reflétant un régime alimentaire plus « pro-inflammatoire ») avaient 15 % (IC à 95 %= 2 %–31 %) de plus de risque de développer des symptômes dépressifs, comparés aux participants qui étaient dans le premier quartile. Un effet modulateur de l’indice de masse corporelle (IMC < 25 vs ≥ 25 kg/m2) a été observé, avec des associations qui n’étaient significatives que chez les participants présentant un IMC ≥ 25 (HR = 1,29 ; IC à 95 %= 1,04–1,60).
Conclusion
Les résultats de cette étude suggèrent que la promotion d’une alimentation « saine » présentant des propriétés anti-inflammatoires est importante pour la prévention des symptômes dépressifs, en particulier chez les personnes présentant un IMC supérieur au seuil de 25.