Sans gluten, végétarisme, détox, locavore: la folie des régimes
Par Amandine Hirou, publié le 12/03/2014
Longtemps marginaux, les adeptes d'une nourriture à la carte -sans gluten, sans viande, etc.- sont désormais tendance. Ces tribus alimentaires reflètent les préoccupations et les angoisses de l'époque. Un peu trop?
Entre la poire et le fromage, Bruno a un truc infaillible pour relancer l'ambiance d'un dîner un peu rasoir: faire bifurquer la conversation vers les régimes. "Essayez, vous verrez, tout le monde a quelque chose à dire sur le sujet!" s'amuse ce fringant sexagénaire, historien reconnu, marié à une diététicienne. A partir de là, sa femme, assaillie de questions par l'inconditionnel de l'alimentation sans gluten, le pourfendeur des plateaux charcuterie ou le flippé des additifs chimiques, devient le centre d'attraction de la soirée.
C'est bel et bien l'obsession de l'époque. Impossible d'allumer la télévision, d'ouvrir un journal, de surfer sur Internet, de consulter sa messagerie électronique sans être submergé de conseils pour -au choix- perdre du ventre, retrouver la tignasse de ses 20 ans, déjouer le cancer, cultiver ses neurones, mieux dormir, échapper au lifting... Tout cela grâce à une alimentation ad hoc. Car, aujourd'hui, l'expression "être à la diète" ne renvoie plus au seul contrôle de l'aiguille sur la balance, mais renoue avec l'étymologie beaucoup plus large du mot grec dieta, règle de vie. Déjà, en 2008, seul un tiers des régimes suivis par les Français avait pour unique objectif la perte de poids. "Les régimes ont investi bien d'autres champs que celui de l'esthétique et puisent leur légitimité dans des domaines aussi différents que la santé, le bien-être, mais encore l'éthique, la morale ou le religieux", confirme le sociologue Claude Fischler, qui a dirigé l'ouvrage collectif Les Alimentations particulières. Mangerons-nous encore ensemble demain? (Odile Jacob).
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