La privation de sommeil fait grossir : mythe ou réalité ?
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 30, Issue 2, June 2016, Pages 142–153 Marjolaine Georges
Notre rythme de vie actuel a entraîné une diminution progressive du temps alloué au sommeil. En France, une personne sur 3 dormirait moins de 7 heures par nuit. Dans le même temps, le nombre de patients souffrant d’obésité a augmenté. De nombreuses études épidémiologiques soulignent le lien entre la faible durée du temps de sommeil et la prise de poids. En parallèle, les études expérimentales ont observé que la privation de sommeil modifiait le comportement alimentaire en augmentant la sensation de faim et la prise alimentaire.
Le cycle nycthéméral induit par l’alternance lumière–obscurité a une influence majeure sur le sommeil mais aussi sur le comportement alimentaire : la lumière agit sur les noyaux suprachiasmatiques, puis secondairement sur les noyaux préoptiques et les noyaux latéraux de l’hypothalamus d’où l’augmentation des orexines.
Plusieurs théories tentent d’expliquer l’augmentation de la prise alimentaire : la première, phylogénétique, serait liée aux variations de la durée du sommeil au cours des saisons ; la deuxième concernerait l’adaptation anticipatoire face à l’éveil ; la dernière serait liée à une modification du contrôle hédonique de la prise alimentaire. De nombreuses pathologies altèrent la relation physiologique sommeil–comportement alimentaire, comme par exemple le syndrome d’apnée du sommeil. Il est donc nécessaire de mieux comprendre cette relation pour améliorer la prise en charge des personnes obèses et pour prévenir le développement du surpoids par le respect d’un rythme du sommeil adapté à l’enfant.