La qualité de la diète Française s’améliore t-elle ? 40 ans d’achats des ménages, 1969–2010
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 28, Supplement 1, December 2014, Pages S29 V. Nichele
Dans un contexte de croissance des maladies chroniques liées à la nutrition, l’étude de l’évolution à long terme de la diète est cruciale. Le but de cet article est d’observer les changements dans la structure de la diète des ménages français durant les 40 dernières années, entre 1969 et 2010.
Matériel et méthodes
Des séries temporelles d’achats alimentaires sont construites sur la base de deux enquêtes annuelles représentatives sur les dépenses des ménages pour l’alimentation à domicile : l’enquête INSEE (1969 à 1991) et le panel Kantar (1991 à 2010). Les quantités moyennes achetées par tête et par an sont calculées pour chaque bien alimentaire et sont ensuite agrégées en 18 groupes et 80 sous-groupes. Les quantités d’aliments sont également converties en énergie et nutriments en utilisant les tables de composition du CIQUAL datant de 1995. La qualité nutritionnelle des achats alimentaires est estimée par la part des macronutriments dans l’énergie et par le Mean Adequacy Ratio (MAR) i.e. le pourcentage moyen d’apports recommandés pour 15 nutriments clés (à savoir protéines, fibres, rétinol, thiamine, riboflavine, niacine, vitamine B6, vitamine B12, acide ascorbique, vitamine E, vitamine D, calcium, potassium, fer, magnésium) calculés sur une base de 2000 kcalories.
Résultats et Analyse statistique
Les achats de plusieurs groupes de biens alimentaires se sont accrus durant les 40 dernières années. En particulier,
les achats de plats préparés ont augmentés de 17,1 kg/tête/an,
les achats de jus de fruits, de yaourts, de desserts lactés, de boissons sucrées et de bonbons se sont accrus, respectivement, de 19,3 kg, 11,2 kg, 6,6 kg, 14,9 kg et 5,1 kg.
Durant la même période,
les achats de sucre ont décru de 13,8 kg ainsi que
les achats de viandes fraîches, d’huiles, et de beurre qui ont diminué, respectivement de 11,1 kg, 6,8 kg, 4,7 kg.
Les achats de légumes frais ont décru de 12,0 kg et ceux de fruits frais de 8,0 kg.
Une faible croissance des achats de calories (alcool exclu) a été observée allant de 2048 kcal à 2222 kcal (+ 138 kcal/personne/jour).
L’énergie provenant des protéines a augmenté (de 13,5 % à 15,7 %), celle des glucides a décru (de 47,4 % à 45,3 %), tandis que celle des lipides est restée quasiment stable à 39 %. Le MAR est passé de 69,9 % à 82,8 %, démontrant une amélioration globale.
Conclusion
En France, la structure des achats alimentaires pour la consommation à domicile a évolué sur la période 1969–2010. Les achats d’aliments préparés comme les plats prêts à servir, les produits laitiers et les boissons sucrées ont fortement augmenté, tandis que les achats d’aliments bruts, en particulier le sucre, les graisses ajoutées ont décrus. Ces substitutions ont eu un impact modéré sur l’équilibre des macronutriments et ont été associées à une amélioration globale de la qualité nutritionnelle des achats de produits alimentaires.