Que sait ou croit savoir le public à propos de la vitamine D ?
M. Deschasaux Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 31, Issue 3, September 2017, Pages 237–238
Introduction et but de l’étude
Le grand public a récemment été exposé à une quantité importante d’information concernant la vitamine D provenant de différentes sources. Un rôle bénéfique de la vitamine D vis-à-vis de différentes pathologies a en effet été suggéré et la prévalence élevée d’une insuffisance en vitamine D dans la population a soulevé des inquiétudes. Dans ce contexte, l’objectif de cette étude était d’évaluer les connaissances et les croyances à propos de la vitamine D dans un large échantillon d’adultes.
Matériel et méthodes
Cette étude transversale portait sur 59 273 participants issus de la cohorte NutriNet-Santé ayant répondu à un questionnaire spécifique (2012–2015) portant sur différents aspects de la vitamine D : sources d’information, sources de vitamine D, effets santé de la vitamine D et opinion vis-à-vis du statut en vitamine D. Un redressement statistique des données a été réalisé pour que la distribution des caractéristiques sociodémographiques soit représentative de la population française. Les réponses au questionnaire (nombre et pourcentage) ont ainsi été pondérées puis comparées à l’aide de tests du χ2 en fonction de différentes caractéristiques individuelles comme le sexe, l’âge, le niveau d’éducation, le revenu ou le statut en vitamine D mesuré.
Résultats
Alors que la quasi-totalité des participants (92 %) avait déjà entendu parler de la vitamine D, ils ne citaient pas toujours correctement les sources de vitamine D (ex : exposition solaire : 72 %, poisons gras : 61 %) ou les effets santé établis pour la vitamine D (santé osseuse : 62–78 %) mais mentionnaient par ailleurs des sources incorrectes et des effets santé pour lesquels un consensus n’est pas établi (par exemples : cancer, maladies cardiovasculaires ou cognitives). Globalement, un meilleur niveau de connaissance était observé chez les femmes, les participants plus éduqués, ceux avec un meilleur niveau de revenu, et lorsque le médecin était cité comme source d’information. Une incohérence a été observée entre l’inquiétude vis-à-vis du statut en vitamine D et le statut mesuré : par exemple, 16 % seulement de ceux présentant une insuffisance en vitamine D (concentration en 25OHD < 20 ng/mL) pensaient avoir un statut trop bas et seul 30 % de ceux qui pensaient avoir un statut trop bas présentaient effectivement une insuffisance en vitamine D.
Conclusion
Cette étude était la première en Europe dans un large échantillon d’adultes à fournir des informations détaillées sur les connaissances et les croyances à propos de la vitamine D. Nos résultats ont identifié les médecins et les médias comme sources clé d’information et ils soulignent également une certaine confusion sur les effets santé prouvés ou non de la vitamine D ainsi que sur ses sources, ainsi qu’une incohérence entre ce que les individus pensent de leur statut et leur statut mesuré. Ces résultats montrent l’importance de mettre à disposition du public mais aussi des professionnels de santé des supports de communication simples avec les informations les plus à jour possible sur les sources et les effets santé établis de la vitamine D.