La résistance anabolique lors d’une surnutrition lipidique n’est pas levée par un apport protéique supplémentaire chez le rat âgé
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 30, Issue 3, September 2016, Pages 232–233 A. Carayon
Introduction et but de l’étude
La sarcopénie associée à une obésité représente un facteur de risque pour l’état de santé des personnes âgées. Ce phénotype défini sous le terme d’obésité sarcopénique a été reproduit dans un modèle de rats âgés soumis durant 10 semaines à un régime hyperlipidique–hypercalorique. Une résistance de l’anabolisme protéique musculaire est observée, associée à une altération des capacités oxydatives mitochondriales, et cela de manière plus prononcée que chez des rats âgés nourris avec un régime standard [1]. Les apports nutritionnels peuvent moduler ce phénotype puisque les niveaux d’apports protéiques influencent l’anabolisme protéique. Le but de cette étude était de déterminer si des apports protéiques élevés au sein d’un régime inducteur d’obésité pourraient prévenir les altérations musculaires induites par le régime hyperlipidique.
Matériel et méthodes
Des rats âgés de 19 mois ont été soumis durant 10 semaines à un régime hyperlipidique–hypercalorique (HFD) ou standard (STD) associé à des apports protéiques modérés (12 % de l’apport énergétique total [AET ; STD12, HFD12] ou élevés (25 % de l’AET ; STD25, HFD25). La composition corporelle des animaux a été analysée par échoMRI au début et à la fin du régime. Des évaluations de force et de puissance musculaire ont été réalisées in vivo avec un dynamomètre isocinétique en même temps. Les activités enzymatiques mitochondriales (hydroxyacyl-CoA-déshydrogénase [HAD], citrate synthase [CS] et cytochrome C oxydase [COX]) ont été mesurées par spectrophotométrie.
Résultats et analyse statistique
Au bout de 10 semaines de régime, la variation de masse grasse était significativement plus élevée dans les groupes HFD (HFD25 : + 103,5 ± 33,0 g ; HFD12 : + 113,5 ± 31,6 g) que dans les groupes STD (STD25 : + 41,2 ± 20,8 g ; STD12 : + 60,5 ± 32,4 g ; p < 0,05, HFD contre STD) quel que soit le niveau d’apport protéique. La variation de masse maigre était significativement plus élevée dans le groupe STD25 (+ 34,5 ± 22,6 g) par rapport aux autres régimes (STD12 : + 9,7 ± 26,4 g ; HFD12 : + 21,8 ± 24,3 g ; HFD25 : + 23,4 ± 14,8 g). Aucun effet des régimes sur la force et la puissance musculaire n’est constaté. Les activités enzymatiques mitochondriales n’étaient pas modifiées dans le groupe HFD25, alors qu’une diminution significative des activités enzymatiques HAD et CS a été observée pour le groupe STD25 (Tableau 1).
Conclusion
Chez le rat âgé, l’effet bénéfique des protéines alimentaires sur l’anabolisme et le métabolisme musculaire n’est pas retrouvé en situation de surnutrition lipidique, suggérant un état de résistance anabolique induit par l’obésité.