La répercussion de la cigarette juste avant et après effort sur les performances physiques des sportifs amateurs
Kinésithérapie, la Revue 2017 Page 105 M. Chauchefoin
La consommation de cigarette entraîne des altérations de la capacité aérobie, des systèmes cardiovasculaire et respiratoire qui jouent un rôle lors de l’exercice physique. Est-ce que la cigarette fumée juste avant ou juste après effort a un impact immédiat sur les performances physiques ? Le sport peut-il sensibiliser les fumeurs ?
Matériel, population et méthode
Vingt fumeurs sportifs, pratiquant entre 2 et 3 heures de sport/semaine. Quarante pour cent fument généralement avant leur sport et 60 % fument généralement après. Critères d’exclusions : blessé opéré, arrêt de tabagisme durant les 6 mois précédant l’étude, ayant des problèmes de santé, fumeur de cannabis. Ils doivent répondre au questionnaire Q-Mat. Ensuite, ils effectuent une série de tests d’abord sans prise de cigarette puis avec prise de cigarette avant et après effort. Les tests sont : un test triangulaire PMA, un test de Sargent et un test de récupération Ruffier–Dickson. Autres paramètres mesurés avant et après effort : la fréquence cardiaque, la tension, la saturation, les DEP et les VEMS, et deux échelles la BORG (essoufflement) et l’EVA (douleurs musculaires).
Résultats
Les résultats de l’étude montrent lors de la prise de tabac avant l’effort, une augmentation significative de la fréquence cardiaque (p = 0,0093e−4), de la tension artérielle (p = 0,00115), de la douleur (p = 0,01) et de l’indice de récupération (p = 0,0028). Une diminue la PMA ainsi que la VO2 max (−10,5 %).
Conclusion ou discussion
Nous observons une augmentation directe de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque dès la consommation de tabac [1] (Duthon, 2014). Indirectement, nous constatons une influence du tabac sur la récupération. Nous remarquons également une augmentation de l’essoufflement à l’effort (Bellman et al., 2009 [2] et Chaine, 2015) et une douleur musculaire. Pour Rom et al. [3], les substances contenues dans la cigarette et le monoxyde de carbone seraient à l’origine d’une inflammation musculaire, responsable de la douleur. Le choix de certains tests et leur exécution ont amené quelques biais à notre étude ainsi que notre population trop diversifiée (sports pratiqués, morphologie, habitude tabagique). Ce protocole simple a cependant permis à certains de nos sujets de s’auto-réévaluer par la suite. Lors du dernier entretien, la plupart d’entre eux ont exprimé une plus grande motivation pour arrêter de fumer. D’ailleurs cinq d’entre eux ont arrêté et deux sont passés à la cigarette électronique. Hypothèse : y aurait-il déjà un effet de stress oxydant précoce sur les fibres musculaires des fumeurs non BPCO ?