Statut en vitamine D et symptômes dépressifs récurrents dans la cohorte française SU.VI.MAX
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 31, Issue 1, February 2017, Pages 60–61 C. Collin
La dépression est un problème majeur de santé publique car une des premières causes d’incapacité à l’échelle mondiale. Il a été suggéré que de meilleures habitudes nutritionnelles étaient corrélées à un moindre risque de présenter des symptômes dépressifs récurrents (SDR), cependant, il y a peu de résultats concrets concernant l’effet de nutriments spécifiques. Nous avons donc étudié les effets protecteurs potentiels de la vitamine D, qui a de multiples fonctions dans l’organisme, et notamment dans le système nerveux central, vis-à-vis des SDR ; ainsi que la modulation éventuelle de cette relation par la qualité globale de l’alimentation.
Matériel et méthodes
Cette relation a été investiguée au sein de la cohorte Supplémentation en vitamines et minéraux antioxydants (SU.VI.MAX) chez les participants d’une étude cas-témoins sur la vitamine D et divers cancers. Parmi eux, nous avons sélectionné ceux ayant les données sur la Center for Epidemiologic Studies-Depression Scale (CES-D) à l’entrée et à la fin de SU.VI.MAX (2007–2009) (n = 1196). Les SDR ont été définis par une CES-D ≥ 16 à l’entrée et à la fin de l’étude, et la 25-hydroxyvitamine D (25(OH)D) plasmatique a été titrée à l’aide d’un dosage immunologique électroluminescent Roche Cobas©. Les odds ratios (ORs) et leurs intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été estimés pour les différents quartiles de statut en vitamine D et les SDR, ou en utilisant les seuils de 10 ng/mL, 20 ng/mL, et 30 ng/mL de 25(OH)D plasmatique, au moyen de modèles de régression logistique. Nous avons ensuite stratifié les résultats obtenus par le modified Programme national nutrition santé-Guideline Score (mPNNS-GS), indice de qualité nutritionnelle, pris en quartiles.
Résultats et analyse statistique
Après ajustement sur les différents facteurs de confusion potentiels, un statut en vitamine D plus élevé était associé à un moindre taux de SDR, en utilisant les quartiles du statut en 25(OH)D : ORQ4 vsQ1 = 0,54 (IC à 95 % = 0,31, 0,92 ; P de tendance = 0,02). Bien qu’une tendance linéaire ait été observée (ORaugmentationde1ng/mLde25(OH)D = 0,98 ; IC à 95 % = 0,96, 1,00 ; p = 0,05), l’analyse selon les seuils de 25(OH)D en variables binaires n’a montré un OR significativement < 1 que pour le seuil de 10 ng/mL : OR≥10ng/mLvs<10ng/mL = 0,38 (IC à 95 % = 0,23, 0,60 ; p < 0,0001). Enfin, en stratifiant par quartiles de PNNS-GS, une relation significative inverse entre la concentration en 25(OH)D et le taux de SDR était uniquement observée dans le quartile de mPNNS-GS le plus bas (plus mauvaise nutrition), et la même tendance était observée en utilisant les seuils.
Conclusion
La vitamine D pourrait avoir un effet protecteur vis-à-vis des SDR, particulièrement chez les individus ayant une qualité alimentaire basse, suggérant un léger effet compensatoire entre bon statut en vitamine D et qualité nutritionnelle globale de l’alimentation. Ces résultats pourraient être pertinents dans la problématique de la prévention de la dépression, bien que d’autres études au design prospectif soient nécessaires afin d’établir la causalité de cette relation.