Le resvératrol n'aurait en fait pas d'influence sur la santé

[Gilles]

Resveratrol Levels and All-Cause Mortality in Older Community-Dwelling Adults
Richard D. Semba et al.
JAMA Intern Med. Published online May 12, 2014.

Importance Resveratrol, a polyphenol found in grapes, red wine, chocolate, and certain berries and roots, is considered to have antioxidant, anti-inflammatory, and anticancer effects in humans and is related to longevity in some lower organisms.

Objective To determine whether resveratrol levels achieved with diet are associated with inflammation, cancer, cardiovascular disease, and mortality in humans.

Design Prospective cohort study, the Invecchiare in Chianti (InCHIANTI) Study (“Aging in the Chianti Region”), 1998 to 2009 conducted in 2 villages in the Chianti area in a population-based sample of 783 community-dwelling men and women 65 years or older.

Exposures Twenty-four–hour urinary resveratrol metabolites.

Main Outcomes and Measures Primary outcome measure was all-cause mortality. Secondary outcomes were markers of inflammation (serum C-reactive protein [CRP], interleukin [IL]-6, IL-1β, and tumor necrosis factor [TNF]) and prevalent and incident cancer and cardiovascular disease.

Results Mean (95% CI) log total urinary resveratrol metabolite concentrations were 7.08 (6.69-7.48) nmol/g of creatinine. During 9 years of follow-up, 268 (34.3%) of the participants died. From the lowest to the highest quartile of baseline total urinary resveratrol metabolites, the proportion of participants who died from all causes was 34.4%, 31.6%, 33.5%, and 37.4%, respectively (P = .67). Participants in the lowest quartile had a hazards ratio for mortality of 0.80 (95% CI, 0.54-1.17) compared with those in the highest quartile of total urinary resveratrol in a multivariable Cox proportional hazards model that adjusted for potential confounders. Resveratrol levels were not significantly associated with serum CRP, IL-6, IL-1β, TNF, prevalent or incident cardiovascular disease, or cancer.

Conclusions and Relevance In older community-dwelling adults, total urinary resveratrol metabolite concentration was not associated with inflammatory markers, cardiovascular disease, or cancer or predictive of all-cause mortality. Resveratrol levels achieved with a Western diet did not have a substantial influence on health status and mortality risk of the population in this study.

[Gilles]

Reprise de l'étude :

Santé: un ingrédient du vin rouge, le resvératrol, ne serait pas bienfaiteur

Un verre de vin rouge par jour est bon pour la santé? Pas si sûr. Le resvératrol, un antioxydant contenu dans le vin rouge, certains fruits et le chocolat noir, n'a rien de miraculeux pour la santé contrairement à qu'on supposait, selon une étude menée en Italie, qui ne dément pas pour autant les bienfaits de ces aliments, qui restent à élucider.

Cette substance était considérée comme l'explication de ce qu'on appelle le "paradoxe français" selon lequel la relativement faible incidence des maladies cardiovasculaires en France, malgré un régime alimentaire riche en cholestérol et graisses saturées, résultait d'une consommation régulière de resvératrol et d'autres polyphénols, très présents dans le vin rouge notamment.

Cette recherche, effectuée avec un groupe de population vivant en Toscane où est produit le Chianti, vin célèbre d'Italie, indique que ceux qui avaient un régime alimentaire avec de fortes teneurs de resvératrol ne vivaient pas plus longtemps ou n'avaient pas moins de maladies cardiovasculaires ou de cancer que ceux consommant de faibles quantités de cet antioxydant.

"L'histoire du resvératrol s'avère être un nouveau cas d'une substance ayant fait l'objet d'un énorme battage médiatique quant à ses bienfaits pour la santé qui ne se confirment pas", souligne le Docteur Richard Semba, professeur d'ophtalmologie à la faculté de médecine Johns Hopkins à Baltimore (Maryland, nord-est des Etats-Unis), principal auteur de cette recherche publiée dans le Journal of The American Medical Association, Internal Medicine.

"L'idée était que certains aliments ou boissons étaient bons pour vous parce qu'ils contenaient du resvératrol et nous n'avons pas du tout constaté cela", ajoute-t-il. L'emballement pour le resvératrol provenait surtout de travaux sur des souris chez qui cette substance, à haute dose, avait de puissants effets anti-inflammatoires et augmentait leur longévité. Ces animaux avaient été soumis à un régime alimentaire riche en calories et en resvératrol.

Effets bénéfiques malgré tout

Mais malgré ces résultats négatifs, des études montrent que la consommation de vin rouge, de chocolat noir et de baies réduit l'inflammation chez certaines personnes et ont des effets protecteurs pour le coeur.

"Nos recherches se concentrent désormais sur des polyphénols qui expliqueraient ces bienfaits", précise à l'AFP le Docteur Luigi Ferrucci, épidémiologiste à l'Institut américain du vieillissement (National Institute of Aging), un des auteurs de cette recherche.

Celui-ci indique que plusieurs études montrent qu'une consommation modérée de vin rouge, à savoir un verre et demi par jour, réduit les risques cardiovasculaires.

Les travaux publiés lundi dans le JAMA font partie d'une recherche menée par un groupe international depuis quinze ans, visant à étudier les effets du vieillissement dans un groupe de personnes vivant dans la région des vignobles de Chianti.

Pour cette dernière étude, les chercheurs ont analysé pendant 24 heures l'urine de 783 personnes de plus de 65 ans pour des molécules résultant du métabolisme du resvératrol.

Après avoir pris en compte entre autres l'âge et le sexe, ceux qui présentaient les plus fortes concentrations de ces molécules n'avaient pas moins de risque de décéder de toutes causes que ceux qui présentaient les teneurs les plus faibles.

La plupart des participants à cette étude, choisis au hasard, vivaient tous en Toscane où la consommation de vin rouge, une spécialité locale, est la norme. Aucun d'entre eux ne suivait un régime alimentaire particulier.

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