Cancer du sein métastatique et masse musculaire : rôle de l’activité physique dans la prévention de la sarcopénie et des toxicités
L.Delrieu Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 33, Issue 1, March 2019, Pages 42-43
Introduction et but de l’étude
La sarcopénie correspond à une diminution du volume et du nombre de fibres musculaires associé à une baisse de la force musculaire et touche entre 11 % et 74 % des patients atteints de cancer. La pratique de l’activité physique (AP) augmenterait la masse maigre et stabiliserait voire corrigerait la sarcopénie. La sarcopénie a aussi été associée à une toxicité sévère de la chimiothérapie. La prise en charge précoce de la sarcopénie est un enjeu clinique important pour limiter la détérioration de l’état de santé des patientes. L’objectif de l’étude était d’évaluer le rôle d’une intervention en AP sur l’évolution de la masse musculaire chez des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique et de tester les associations entre la sarcopénie et les performances physiques, la qualité de vie, la fatigue et la toxicité des traitements.
Matériel et méthodes
Une cohorte de 49 patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique a été suivie entre octobre 2016 et janvier 2018. L’intervention de 6 mois était non supervisée et personnalisée en AP, basée sur un objectif de nombre de pas à atteindre. À l’inclusion et à 6 mois, des évaluations anthropométriques, des tests fonctionnels (test de marche de 6 min et force d’extension du quadriceps), et des questionnaires (AP et qualité de vie) ont été réalisés. Les coupes transversales de scanner au niveau de la troisième vertèbre lombaire ont été analysées à l’inclusion, 3 mois et 6 mois pour évaluer la sarcopénie (indice de masse musculaire < 40 cm2/m2) et la qualité musculaire (mauvaise si < 37,8 Hounsfield Unit).
Résultats et analyse statistique
L’évolution des variables a été testée par des analyses de la variance à mesure répétées, les associations par des tests de Mann-Whitney ou de Chi2 et les corrélations par le coefficient de Spearman. L’âge moyen des patientes était de 55 ans (10) avec un indice de masse corporelle moyen de 26,1 kg/m2 (5,8) et 96 % des patientes étaient compliantes à l’intervention. À l’inclusion, 51 % des patientes étaient sarcopéniques et 71 % avaient une mauvaise qualité musculaire. Aucune différence n’a été trouvée entre les patientes sarcopéniques et non sarcopéniques concernant les performances aux tests fonctionnels, la fatigue et la qualité de vie mesurés à l’inclusion et à la fin de l’étude. Les patientes ayant une force d’extension du quadriceps élevée à l’inclusion avaient significativement moins de risque d’être sarcopéniques durant l’étude (p = 0,05). Le fait d’être sarcopénique à l’inclusion était associé à un risque plus élevé de développer des toxicités sévères (p = 0,02).
Conclusion
Cette étude suggère un effet bénéfique de l’AP comme facteur protecteur de risque de sarcopénie et de toxicité. Cependant il est nécessaire de mener des études contrôlées randomisées auprès d’un plus grand effectif pour confirmer ces résultats et déterminer un seuil d’AP qui permettrait de prévenir une sarcopénie.