Stade 2 ébranle les Springboks 95
Dimanche en fin d'après-midi, à partir de 17h30 l'émission Stade 2 va sérieusement ébranler un mythe : celui de cette « nation arc-en-ciel » rêvée par Nelson Mandela et concrétisée par une victoire au retentissement planétaire, celle des Springboks à la coupe du monde de rugby en 1995.
Aujourd’hui, l'aura planétaire du titre mondial des Sprinboks en 1995, propagée par le film Invictus, a du plomb dans l’aile. Précisément depuis que l’on connaît le destin tragique de certains Springboks, héros de l’époque. Parmi cette génération rugbystique des années 90, Ruben Kruger (3ème ligne des Springboks en 1995) est décédé. Quant au célèbre demi de mêlée Joost Van der Westhuisen et au centre Tinus Linee, ils sont aujourd’hui atteints de sclérose latérale amyotrophique, grave maladie plus connue sous le nom de « Maladie de Charcot ».
D’autres légendes du rugby sud-africain souffrent également de graves maladies neurologiques, comme André Venter (3ème ligne des Springboks entre 1996 et 2001), touché par une myélite transverse. Des maladies dont la prévalence est pourtant très faible.
De là à échafauder une théorie liée au dopage, il n’en fallait pas beaucoup plus pour interpeler Nicolas Geay, journaliste à la rédaction des sports de France Télévisions, qui a pris quatre mois pour enquêter.
« Nous avons recueilli des témoignages très forts, poignants, notamment ceux de Joost Van der Westhuisen, l’un des plus grands rugbymen de tous les temps, celui de François Pienaar, de Tinus Linee ou encore André Venter, raconte le journaliste. Chacun, à sa manière, confirme que les joueurs de 1995 prenaient des médicaments, recevaient des injections, ou ingurgitaient de la vitamine B12 qui, lorsque l’on se penche sur le sujet avec des médecins s’avère être souvent liée à une prise d’EPO. Mais, pour eux, c’était toujours dans un cadre légal. Mais qu’en savaient-ils vraiment ? »
Dans cette enquête témoignent également le corps médical ou encore un procureur italien qui a mis en évidence le dopage dans le football de son pays avec 70 morts à la clé.
« C’est une enquête digne d’Envoyé Spécial ou de Complément d’Enquête, ajoute Nicolas Geay. Mais c’est dans Stade 2 qu’elle sera diffusée car nous estimons que c’est sa place, comme avant elle celle d’Arnaud Roméra sur la boxe par exemple. C’est le moyen pour l’émission de se démarquer, d’être la seule à pouvoir proposer ce genre d’enquêtes là où d’autres chaînes, de par les liens qu’elles ont avec des droits télé qui les poussent à faire la promotion des sports qu’elles diffusent, n’ont pas toujours notre marge de manœuvre. Ce reportage qui durera 18 minutes, dépasse largement le cadre du dopage des joueurs de 1995. Il aborde les chapitres de la politique, du rugby Sud-africain de manière plus globale et de la culture du dopage qui règne dès les catégories les plus jeunes, l’aspect médical, mais aussi de l’humain et de l’émotion par des témoignages forts. »
Aura-t-on une réponse arrêtée sur le sujet ? « Disons que l’on ouvre le débat à partir de présomptions et de témoignages qui interpellent », répond Nicolas Geay. Un débat qui se poursuivra d’ailleurs en plateau pendant 6-7 minutes en présence de Nicolas Geay, Matthieu Lartot et Fabien Galthié qui a affronté certains de ces joueurs, notamment lors de la demi-finale de la Coupe du Monde perdue par les bleus face aux Springboks en 1995. Notez enfin que le JT de 20h de France 2 abordera cette enquête dans son édition de samedi soir.
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