Voilà un texte que j'avais écrit à la fin des années 90 au sujet de la créatine
Tout commence avec le décès simultané de 3 lutteurs universitaires aux Etats-Unis. Les lutteurs doivent se déshydrater dangereusement avant une compétition pour tenter de se placer dans la catégorie de poids la plus base possible. Pour cela tout est bon: on arrête de boire, on fait du sauna, on prend des diurétiques et des laxatifs. Résultat: beaucoup de problèmes de santé et parfois des décès. Comme aux Etats-Unis le prestige de l'université est en grande partie basée sur ses résultats sportifs, il fallait que l'université en question explique la mort de ces 3 athlètes sans y laisser des plumes. Il fallait donc trouver une cause de leurs morts qui innocente l'université. C'est la créatine qui fut choisie comme bouc émissaire. Ils auraient été tués par la créatine. La presse s'est saisie de l'affaire et à commencer à raconter n'importe quoi au sujet de la créatine et de ses soi-disants effets secondaires. L'usage de la créatine s'est vite trouvée assimilée au dopage.
Le gros problème dans cette histoire est que d'après le docteur Greenhaff, le plus grand spécialiste mondial de la créatine, deux des trois lutteurs n'ont jamais pris de créatine de leur vie (1). Sont-ils morts en regardant le pot qui appartenait au troisième? Ceci n'empêche pourtant pas la presse française de relater cette affaire qui ne sent pas bon en oubliant bien sûr de mentionner les révélations du docteur Greenhaff.
Mais les choses n'en restent pas là. Lors d'une compétition de ski, les journalistes qui se demandaient comment interpréter le fait que les skieurs avaient pris énormément de masse musculaire en un temps record, se sont vus répondre par des entraîneurs que c'était la créatine qui avait causé une telle explosion. Des propos similaires ont été tenus dans d'autres sports tel le football. Si la créatine est un supplément efficace qui permet un gain musculaire sec qui peut aller de 3 à 10 kilos de muscles, il n'en reste pas moins que beaucoup la citent comme le cache-sexe de leur dopage.
Voilà donc encore la créatine associée au dopage pour des raisons hypocrites. Il n'en fallait pas moins pour que certains exigent l'interdiction pure et simple de la créatine.
(1) Greenhaff-P. Renal dysfunction accompanying oral creatine supplements. The Lancet. 1998. 352. pp. 233.