Il faut choisir précisément ses mots pour expliquer que manger de la m..., c'est positif!
Le goûter résiste à la nutritionnalisation
Laurence Tibère , Amandine Rochedy, Charlotte Sarrat
a CERTOP, CNRS, UMR 5044, université de Toulouse 2 Jean-Jaurès, France
b Institut supérieur du tourisme de l’hôtellerie et de l’alimentation (ISTHIA), Chair of Food Studies, Taylors University, Malaisie
c Danone Nutricia Research, 1 avenue de la Vauve, RD 128 Palaiseau, France
Quelle place occupe le goûter dans les habitudes des jeunes Français ? Une enquête qualitative, réalisée en 2012, à travers des entretiens avec des familles (n=35) et des focus groups avec des enfants (n=19) a fourni des données sur les représentations et les pratiques relatives à ce moment alimentaire. Cette étude montre qu’il ne s’agit pas d’une prise alimentaire anarchique et déstructurée, mais bien d’un « petit repas », socialement régulé, encadré par des normes en termes notamment de contenu et d’horaires.
De plus, si les adultes sont prescripteurs de cette prise perçue comme indispensable sur le plan nourricier et encouragée depuis plusieurs années par les nutritionnistes eux-mêmes, l’enfant « garde la main » sur sa composition.
En effet, face aux injonctions nutritionnelles à consommer les fruits et laitages, le goûter reste, dans les pratiques, un temps de pause, résolument associé à l’univers du sucré, au plaisir de manger et de partager et au monde de l’enfance.