Traduction de l'étude
Effets de l'exercice sur la condition cardiorespiratoire et la progression biochimique chez les hommes atteints d'un cancer de la prostate localisé sous surveillance active
L'essai clinique randomisé ERASEDong-Woo Kang, JAMA Oncol. Publié en ligne le 19 août 2021.
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Effet de l'exercice sur la capacité cardiorespiratoire et la progression biochimique chez les hommes atteints d'un cancer de la prostate localisé sous surveillance active : l'essai clinique randomisé ERASE
Points clés
Question Un programme d'entraînement par intervalles à haute intensité améliore-t-il la condition cardiorespiratoire et retarde-t-il la progression biochimique du cancer de la prostate chez les patients faisant l'objet d'une surveillance active ?
Résultats
Dans cet essai clinique randomisé portant sur 52 participants masculins atteints d'un cancer de la prostate sous surveillance active, 12 semaines d'entraînement par intervalles à haute intensité ont significativement amélioré la consommation maximale d'oxygène, diminué les niveaux d'antigène prostatique spécifique et diminué la vitesse de l'antigène prostatique spécifique par rapport aux soins habituels. Il a également inhibé la croissance de la lignée cellulaire du cancer de la prostate LNCaP dans cette population de patients.Signification Les résultats de cette étude indiquent que l'exercice peut être une intervention efficace pour améliorer la condition cardiorespiratoire et supprimer la progression du cancer de la prostate chez les patients faisant l'objet d'une surveillance active.
Résumé
Importance Les hommes atteints d'un cancer de la prostate qui font l'objet d'une surveillance active courent un risque accru de décès cardiovasculaire et de progression de la maladie. Il a été démontré que l'exercice améliore la condition cardiorespiratoire, le fonctionnement physique, la composition corporelle, la fatigue et la qualité de vie pendant et après le traitement ; cependant, à ce jour, une seule étude sur l'exercice a été menée dans ce cadre clinique.
Objectif Examiner les effets de l'exercice sur la condition cardiorespiratoire et la progression biochimique chez les hommes atteints d'un cancer de la prostate qui faisaient l'objet d'une surveillance active.
Conception, cadre et participants L'essai ERASE (Exercice pendant la surveillance active du cancer de la prostate) était un essai clinique randomisé de phase 2 monocentrique, à 2 groupes, mené à l'Université de l'Alberta, à Edmonton, au Canada. Les patients éligibles ont été recrutés du 24 juillet 2018 au 5 février 2020. Les participants étaient des hommes adultes ayant reçu un diagnostic de cancer de la prostate localisé à très faible risque à favorable à risque intermédiaire et faisant l'objet d'une surveillance active. Ils ont été randomisés dans le groupe d'entraînement par intervalles à haute intensité (HIIT) ou dans le groupe de soins habituels. Toutes les analyses statistiques étaient basées sur le principe de l'intention de traiter.
Interventions Le groupe HIIT a été invité à effectuer 12 semaines de séances d'aérobie supervisées trois fois par semaine sur un tapis roulant à 85 % à 95 % de la consommation maximale d'oxygène (V̇o2). Le groupe de soins habituels a maintenu ses niveaux d'exercice normaux.
Principaux résultats et mesures Le résultat principal était le pic de V̇o2, qui a été évalué comme la valeur la plus élevée d'absorption d'oxygène au cours d'un test d'effort gradué utilisant un protocole de Bruce modifié. Les critères de jugement secondaires et exploratoires étaient des indicateurs de la progression biochimique du cancer de la prostate, y compris le niveau d'antigène prostatique spécifique (PSA) et la cinétique du PSA, et la croissance de la lignée cellulaire du cancer de la prostate LNCaP.
Résultats Un total de 52 patients de sexe masculin, avec un âge moyen (ET) de 63,4 (7,1) ans, ont été randomisés dans les groupes HIIT (n = 26) ou soins habituels (n = 26). Dans l'ensemble, 46 des 52 participants (88 %) ont terminé l'évaluation du pic de V̇o2 post-intervention, et 49 des 52 participants (94 %) ont fourni des échantillons de sang. L'adhésion au HIIT était de 96%. Le critère de jugement principal du pic de V̇o2 a augmenté de 0,9 ml/kg/min dans le groupe HIIT et a diminué de 0,5 ml/kg/min dans le groupe soins habituels (différence moyenne ajustée entre les groupes (1,6 ml/kg/min ; IC à 95 % , 0,3-2,9 ; P = ,01).Par rapport au groupe de soins habituels, le groupe HIIT a connu une diminution du taux de PSA (-1,1 μg/L ; IC à 95 %, -2,1 à 0,0 ; P = ,04), la vitesse du PSA ( -1,3 μg /L/an ; IC à 95 %, -2,5 à -0,1 ; P = ,04) et croissance cellulaire LNCaP (-0,13 unité de densité optique ; IC à 95 %, -0,25 à -0,02 ; P = ,02) Aucune différence statistiquement significative n'a été trouvée dans le temps de doublement du PSA ou la testostérone.
Conclusions et pertinence
L'essai ERASE a démontré que le HIIT augmentait les niveaux de condition cardiorespiratoire et diminuait les niveaux de PSA, la vitesse du PSA et la croissance des cellules cancéreuses de la prostate chez les hommes atteints d'un cancer de la prostate localisé qui étaient sous surveillance active. Des essais plus importants sont nécessaires pour déterminer si une telle amélioration se traduit par de meilleurs résultats cliniques à plus long terme dans ce contexte.