Consommation de boissons sucrées et risque de cancer : résultats de la cohorte prospective NutriNet- Santé
E.Chazelas Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 33, Issue 1, March 2019, Pages 108-109
Introduction et but de l’étude
Selon le Global Burden of Disease, la consommation de boissons sucrées a augmentée d’environ 40 % entre 1990 et 2016. Les boissons sucrées et édulcorées ont étés associées au risque de pathologies cardiométaboliques, mais concernant le lien direct avec le cancer, les données de la littérature sont encore limitées. Notre objectif était d’évaluer les associations entre la consommation de boissons sucrées et édulcorées et le risque de cancer.
Matériel et méthodes
Les analyses ont été effectuées sur 101 257 sujets adultes (âge moyen 42,2 ± 14,4 ans ; temps de suivi moyen 5,1 ans) inclus dans la cohorte prospective NutriNet-Santé (2009–2017). La consommation de boissons sucrées et édulcorées a été évaluée grâce à des enregistrements de 24 h répétés, élaborés afin de déterminer la consommation habituelle de 3300 items d’aliments et de boissons différents. Les associations entre la consommation de boissons sucrées et édulcorées et le risque de cancer (au global, sein, prostate et colorectal) ont été étudiées grâce à des modèles de Cox à risques proportionnels, ajustés sur les facteurs de confusion connus.
Résultats et analyse statistique
Une augmentation de 100 mL de la consommation de boissons sucrées était significativement associée au risque de cancer au global (n = 2193 cas ; HR = 1,08, intervalle de confiance à 95 % : 1,04 à 1,12, p<.0001) et de cancer du sein (n = 683 cas ; HR = 1,11, intervalle de confiance à 95 % : 1,04 à 1,19, p < 0,002). La consommation de boissons édulcorées n’était pas associée au risque de cancer. Les sous-analyses ont montré qu’une augmentation de 100 mL de la consommation de jus de fruit 100 % pur jus était significativement associée au risque de cancer au global (HR = 1,08, intervalle de confiance à 95 % : 1,02 à 1,15, p = 0,01).
Conclusion
Dans cette étude prospective de grande échelle, une augmentation de 100 mL de la consommation de boissons sucrées était associée à une augmentation significative du risque de cancer au global de 8 % et de cancer du sein de 11 %.
Les jus de fruits 100 % pur jus étaient aussi associés à une augmentation de risque de cancer au global de 8 %. Étant donné la consommation importante de boissons sucrées dans les pays occidentaux, ces résultats suggèrent que ces dernières représentent un facteur de risque modifiable clé dans le cadre de la prévention des cancers.