Effet de l'ingestion de boissons glucidiques sur la fatigue centrale versus la fatigue périphérique: essai randomisé contrôlé par placebo chez les cyclistes
Beth W. Glace Physiologie appliquée, nutrition et métabolisme, 2019, 44(2): 139-147
Dans cette étude, on vérifie si la consommation de sucres retarde l’installation de la fatigue par des mécanismes centraux ou périphériques chez des cyclistes entraînés en endurance.
Selon un devis croisé à double insu, on procure à 10 hommes (35 ± 9 ans) et 10 femmes (42 ± 7 ans) une boisson pour sportif (« CHO ») ou un placebo (« PL »). À trois moments (avant l’exercice, après le contre-la-montre et après une épreuve jusqu’à épuisement), on effectue des mesures de la force: (i) contraction maximale volontaire (« MVC »), (ii) MVC + stimulation magnétique du nerf fémoral pour la mesure du ratio d’activation centrale (CAR) et (iii) stimulation du nerf fémoral durant 3 s, muscle relâché. Les sujets pédalent durant 2 h à une intensité sollicitant ∼65 % de la consommation d’oxygène de pointe et, à 5 moments au cours de cette période, ils effectuent 5 sprints d’une minute et, après les 2 h de pédalage, ils exécutent un 3 km contre la montre. Après les mesures de la force, les cyclistes montent sur leur bicyclette, s’échauffent brièvement et pédalent à une intensité sollicitant ∼85 % de la consommation d’oxygène de pointe jusqu’à l’incapacité de maintenir la charge. On utilise une analyse de variance avec mesures répétées pour vérifier les différences des mesures métaboliques et de la force. Du moment avant l’exercice jusqu’après le contre-la-montre, la MVC diminue (p = 0,004) chez les hommes (17 %) et les femmes (18 %) sans un effet de la boisson (p > 0,193); le CAR diminue chez les hommes et les femmes dans la condition PL (P = 0,009), la diminution étant atténuée par le CHO seulement chez les hommes (temps × traitement, p = 0,022). Il n’y a pas de donnée probante confirmant la fatigue périphérique dans les deux groupes quelle que soit la boisson consommée (p > 0,122). Les hommes sont plus rapides dans le contre-la-montre dans la condition CHO (p = 0,005), mais n’améliorent pas leur performance dans l’épreuve jusqu’à épuisement (p = 0,080). Chez les femmes, le CHO n’améliore pas la performance dans le contre-la-montre (p = 0,173) ni au cours de l’épreuve jusqu’à épuisement (p = 0,930). La consommation de sucres préserve l’activation centrale et la performance au cours d’un exercice de longue durée chez les hommes, mais pas chez les femmes.