Association entre statut plasmatique en vitamine D et connectivité cérébrale fonctionnelle chez le sujet âgé–cohorte des 3-Cités-Bordeaux
A.Thomas Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 33, Issue 1, March 2019, Pages 33-34
Introduction et but de l’étude
La plasticité du cerveau (définie comme sa capacité à modifier sa structure et son fonctionnement en réponse à divers stimuli) est altérée dans le cadre du vieillissement cérébral et peut être modulée par certaines expositions, dont la nutrition. Une association entre un statut plus élevé en vitamine D et une meilleure connectivité cérébrale au niveau structurel ont, par exemple, été démontrées dans quelques études épidémiologiques, mais n’ont jamais été étudiées au niveau fonctionnel chez le sujet âgé. L’objectif de cette étude observationnelle était d’évaluer l’association entre le statut plasmatique en vitamine D [25(OH)D] et la connectivité cérébrale fonctionnelle au repos, mesurée par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) dans deux réseaux fonctionnels d’intérêt (le réseau de mode par défaut (DMN) et le fronto-pariétal (FP)), chez la personne âgée.
Matériel et méthodes
Dans la cohorte des 3 Cités–Bordeaux (âge ≥ 65 ans), 102 sujets non-déments ayant des mesures de 25(OH)D à l’inclusion, en 1999–2000, ont passé un examen IRMf au repos 10 ans plus tard. Les associations entre le niveau plasmatique en 25(OH)D (défini en trois catégories : suffisant, > 50 nmol/L ; insuffisant, 25–50 nmol/L ; carence < 25 nmol/L) et le niveau de connectivité fonctionnelle dans le FP et le DMN ont été évaluées par régressions linéaires multivariables (modèles ajustés sur l’âge, le sexe, la présence de l’allèle epsilon 4 de l’Apolipoprotéine E, le niveau d’études et la saison du prélèvement sanguin).
Résultats et analyse statistique
Les participants avec une déficience ou une carence en vitamine D à l’inclusion (60 % et 26 %, respectivement) avaient une connectivité fonctionnelle significativement augmentée dans le FP, par rapport à ceux ayant des niveaux suffisants en vitamine D (Tableau 1, p global = 0,04). Aucune association n’a été trouvée dans le DMN.
Conclusion
Dans cette étude, une carence ou une déficience en vitamine D était associée à une connectivité moyenne augmentée dans le FP. Les études de connectivité fonctionnelle suggèrent la présence d’effets de compensation, notamment en frontal, avec une augmentation de la connectivité fonctionnelle, parfois observée pour compenser des altérations cérébrales se développant en postérieur. La relation entre carence en vitamine D et augmentation de la connectivité fonctionnelle dans le FP pourrait ainsi être interprétée comme le reflet de mécanismes de compensation dans le cerveau âgé. Les associations entre la vitamine D et la connectivité fonctionnelle apportent des arguments mécanistiques supplémentaires en faveur du rôle de cette vitamine dans le déclin cognitif lié à l’âge et la démence ; des études complémentaires restant nécessaires pour confirmer ces résultats.