Comment le sport renforce-t-il l'ossature?

[Nutrimuscle-Diététique]

Traduction de l'étude

Mesure de la disponibilité énergétique chez les athlètes d'endurance masculins hautement entraînés et examen de ses associations avec la santé osseuse et la fonction endocrinienne
European Journal of Nutrition Volume 63, pages 2655–2665, (2024) Amy McGuire

Objectif
Malgré l'introduction du déficit énergétique relatif dans le sport (RED-s) en 2014, des preuves suggèrent que les athlètes d'endurance masculins présentent toujours une prévalence élevée de faible disponibilité énergétique (LEA). Des résultats antérieurs suggèrent que le statut de disponibilité énergétique (EA) est fortement corrélé à des déficiences de la fonction endocrinienne telles qu'une réduction de la leptine, de la triiodothyronine (T3) et de l'insuline, et une perte osseuse élevée. Cette étude visait à rendre compte du statut actuel de l'EA, de la fonction endocrinienne et de la santé osseuse des athlètes d'endurance masculins irlandais hautement entraînés.

Méthodes
Dans cette étude transversale, les participants (n = 3 triathlètes ; n = 10 coureurs) ont effectué une période de test de 7 jours pendant la saison de compétition en utilisant des mesures en laboratoire, pour déterminer le statut d'EA, le niveau d'hormones et les taux de métabolisme osseux. Des échantillons de sang sérique ont été obtenus pour évaluer les niveaux d'hormones et les marqueurs du métabolisme osseux.

Résultats
L'EA moyenne était < 30 kcal/kg de masse corporelle maigre (LBM)/jour chez 76,9 % des athlètes. Il y avait une forte association entre LEA et un faible apport en glucides et une LBM plus faible. Les niveaux moyens d'insuline, d'IGF-1 et de leptine étaient significativement inférieurs à leurs plages de référence. Des concentrations moyennes élevées de β-CTX et un rapport P1NP: β-CTX moyen < 100 indiquaient un état de résorption osseuse.

Conclusion
Le niveau d'AE, l'apport en glucides, le statut hormonal et le statut métabolique osseux des athlètes d'endurance masculins hautement entraînés sont préoccupants. Sur la base des résultats de cette étude, une évaluation plus fréquente de l'AE au cours d'une saison est recommandée pour surveiller l'état des athlètes d'endurance masculins, en conjonction avec une éducation nutritionnelle spécifique à l'AE et aux risques associés.

[Nutrimuscle-Conseils]

The Influence of Nutrition Intervention on the P1NP and CTX-1 Response to an Acute Exercise Bout: A Systematic Review with Meta-Analysis
Systematic Review
Sports Medicine Volume 54, pages 2889–2906, (2024) Eimear Dolan

Background
Although nutrition and exercise both influence bone metabolism, little is currently known about their interaction, or whether nutritional intervention can modulate the bone biomarker response to acute exercise. Improved understanding of the relationships between nutrition, exercise and bone metabolism may have substantial potential to inform nutritional interventions to protect the bone health of exercising individuals, and to elucidate mechanisms by which exercise and nutrition influence bone.

Objective
The aim was to synthesise available evidence related to the influence of nutrition on the response of the bone biomarkers procollagen type 1 N-terminal propeptide (P1NP) and C-terminal telopeptide of type 1 collagen (CTX-1) to acute exercise, using a systematic review and meta-analytic approach.

Methods
Studies evaluating the influence of nutritional status or intervention on the bone biomarker response to an acute exercise bout were included and separated into four categories: (1) feeding status and energy availability, (2) macronutrients, (3) micronutrients and (4) other. Studies conducted on healthy human populations of any age or training status were included. Meta-analysis was conducted when data from at least five studies with independent datasets were available. In the case of insufficient data to warrant meta-analysis, results from individual studies were narratively synthesised and standardised mean effect sizes visually represented.

Results
Twenty-two articles were included. Of these, three investigated feeding status or energy availability, eight macronutrients, eight micronutrients (all calcium) and six other interventions including dairy products or collagen supplementation. Three studies had more than one intervention and were included in all relevant outcomes. The largest and most commonly reported effects were for the bone resorption marker CTX-1. Meta-analysis indicated that calcium intake, whether provided via supplements, diet or infusion, reduced exercise-induced increases in CTX-1 (effect size − 1.1; 95% credible interval [CrI] −  2.2 to − 0.05), with substantially larger effects observed in studies that delivered calcium via direct infusion versus in supplements or foods. Narrative synthesis suggests that carbohydrate supplementation may support bone during acute exercise, via reducing exercise-induced increases in CTX-1. Conversely, a low-carbohydrate/high-fat diet appears to induce the opposite effect, as evidenced by an increased exercise associated CTX-1 response, and reduced P1NP response. Low energy availability may amplify the CTX-1 response to exercise, but it is unclear whether this is directly attributable to energy availability or to the lack of specific nutrients, such as carbohydrate.

Conclusion
Nutritional intervention can modulate the acute bone biomarker response to exercise, which primarily manifests as an increase in bone resorption. Ensuring adequate attention to nutritional factors may be important to protect bone health of exercising individuals, with energy, carbohydrate and calcium availability particularly important to consider. Although a wide breadth of data were available for this evidence synthesis, there was substantial heterogeneity in relation to design and intervention characteristics. Direct and indirect replication is required to confirm key findings and to generate better estimates of true effect sizes.

[Nutrimuscle-Diététique]

Traduction de l'étude

Influence de l'intervention nutritionnelle sur la réponse P1NP et CTX-1 à une séance d'exercice aigu : une revue systématique avec méta-analyse
Revue systématique
Sports Medicine Volume 54, pages 2889–2906, (2024) Eimear Dolan

Contexte
Bien que la nutrition et l'exercice influencent tous deux le métabolisme osseux, on sait actuellement peu de choses sur leur interaction, ou si l'intervention nutritionnelle peut moduler la réponse des biomarqueurs osseux à l'exercice aigu. Une meilleure compréhension des relations entre la nutrition, l'exercice et le métabolisme osseux pourrait avoir un potentiel substantiel pour éclairer les interventions nutritionnelles visant à protéger la santé osseuse des personnes qui font de l'exercice et pour élucider les mécanismes par lesquels l'exercice et la nutrition influencent les os.

Objectif
L'objectif était de synthétiser les preuves disponibles liées à l'influence de la nutrition sur la réponse des biomarqueurs osseux, le propeptide N-terminal du procollagène de type 1 (P1NP) et le télopeptide C-terminal du collagène de type 1 (CTX-1) à l'exercice aigu, en utilisant une revue systématique et une approche méta-analytique.

Méthodes
Les études évaluant l'influence de l'état nutritionnel ou d'une intervention sur la réponse des biomarqueurs osseux à une séance d'exercice aigu ont été incluses et séparées en quatre catégories : (1) état alimentaire et disponibilité énergétique, (2) macronutriments, (3) micronutriments et (4) autres. Les études menées sur des populations humaines en bonne santé de tout âge ou de tout niveau d'entraînement ont été incluses. Une méta-analyse a été réalisée lorsque les données d'au moins cinq études avec des ensembles de données indépendants étaient disponibles. Dans le cas de données insuffisantes pour justifier une méta-analyse, les résultats des études individuelles ont été synthétisés de manière narrative et les tailles d'effet moyennes standardisées ont été représentées visuellement.

Résultats
Vingt-deux articles ont été inclus. Parmi ceux-ci, trois ont étudié l'état alimentaire ou la disponibilité énergétique, huit les macronutriments, huit les micronutriments (tous en calcium) et six autres interventions, y compris les produits laitiers ou la supplémentation en collagène. Trois études comportaient plus d'une intervention et ont été incluses dans tous les résultats pertinents. Les effets les plus importants et les plus fréquemment rapportés concernaient le marqueur de résorption osseuse CTX-1. Une méta-analyse a montré que l'apport en calcium, qu'il soit fourni par des suppléments, par l'alimentation ou par perfusion, réduisait les augmentations de CTX-1 induites par l'exercice (taille de l'effet − 1,1 ; intervalle de crédibilité à 95 % [ICr] − 2,2 à − 0,05), avec des effets nettement plus importants observés dans les études qui ont administré du calcium par perfusion directe par rapport aux suppléments ou aux aliments. La synthèse narrative suggère que la supplémentation en glucides peut soutenir les os pendant l'exercice aigu, en réduisant les augmentations de CTX-1 induites par l'exercice. À l'inverse, un régime pauvre en glucides et riche en graisses semble induire l'effet opposé, comme en témoignent une augmentation de la réponse de CTX-1 associée à l'exercice et une réduction de la réponse de P1NP. Une faible disponibilité énergétique peut amplifier la réponse de CTX-1 à l'exercice, mais on ne sait pas si cela est directement attribuable à la disponibilité énergétique ou au manque de nutriments spécifiques, tels que les glucides.

Conclusion
L’intervention nutritionnelle peut moduler la réponse aiguë des biomarqueurs osseux à l’exercice, qui se manifeste principalement par une augmentation de la résorption osseuse. Il peut être important de veiller à ce que les facteurs nutritionnels soient pris en compte de manière adéquate pour protéger la santé osseuse des personnes qui font de l’exercice, en particulier en ce qui concerne la disponibilité de l’énergie, des glucides et du calcium. Bien qu’un large éventail de données soit disponible pour cette synthèse des preuves, il existe une hétérogénéité substantielle en ce qui concerne la conception et les caractéristiques de l’intervention. Une réplication directe et indirecte est nécessaire pour confirmer les principales conclusions et générer de meilleures estimations de l’ampleur réelle des effets.