Contrairement à la vitamine A, de fortes doses de bêta-carotène chez les femmes enceintes ne sont pas associées à un risque accru de maladies congénitales (1). Cependant, les études sur les risques présentés par les compléments fortement dosés de bêta-carotène chez les femmes enceintes et allaitantes sont encore insuffisantes.
Risque de cancer du poumon
Trois larges essais contrôlés randomisés ont évalué les risques de développer un cancer du poumon liés à une supplémentation prolongée en bêta-carotène à fortes doses. En Finlande, l’essai clinique sur la prévention du cancer du poumon par l’alpha-tocophérol et le bêta-carotène (ATBC) s’est intéressé aux effets de 20 mg/jour de bêta-carotène et/ou de 50 mg/jour d’alpha-tocophérol (vitamine E) sur plus de 29 000 hommes fumeurs (29). Aux États-Unis, l’essai sur l’efficacité du bêta-carotène et du rétinol (CARET) a examiné les effets d’une combinaison journalière de 30 mg de bêta-carotène et de 25 000 IU de rétinol (vitamine A) chez plus de 18 000 hommes et femmes fumeurs, anciens fumeurs ou exposés à l’amiante (51).
Dans les groupes de gros fumeurs (plus de 20 cigarettes par jour) prenant de fortes doses de compléments de bêta-carotène (5 à 10 fois la dose recommandée), le risque de cancer du poumon était majoré de 16 % au bout de six ans de participation dans l’étude ATBC et de 28 % au bout de quatre ans de participation dans l’étude CARET.
Une explication possible de ces résultats est que l’environnement oxydant du poumon, créé par la fumée ou l’exposition à l’amiante, favorise la formation de produits inhabituels de clivage des caroténoïdes, impliqués dans le développement du cancer (60).
Cependant, d’autres études importantes n’ont pas révélé de tels effets. La Physicians’ Health Study a examiné l’effet d’une supplémentation en bêta-carotène (50 mg tous les deux jours) sur le risque de cancer chez plus de 22 000 médecins hommes aux États-Unis, parmi lesquels 11 % étaient fumeurs (30). Chez cette population, une supplémentation en bêta-carotène sur plus de 12 ans n’est pas associée à un risque accru de cancer du poumon.
Plus récemment, l’étude Women's Health Study (WHS) portant sur 40 000 femmes, comprenant 13 % de fumeuses, recevant 50 mg/jour de bêta-carotène n’a pas mis en évidence un risque accru de risque de cancer du poumon. Cette étude a été menée sur 2 ans avec un suivi sur 2 ans (52).
Bien que les raisons d’un risque accru de cancer du poumon observé dans certaines études ne soient pas claires, les spécialistes déconseillent aux fumeurs et autres populations à risque la prise de fortes doses de compléments de bêta-carotène (53, 54).
En 2012, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu que les études épidémiologiques ne rapportaient aucune augmentation des cas de cancers des poumons chez les gros fumeurs à des niveaux de supplémentation en bêta-carotène allant de 6 à 15 mg/jour pendant environ 5 à 7 ans (62). L'exposition au bêta-carotène comme additif alimentaire ou comme supplément nutritionnel à des doses inférieures à
15 mg/jour ne donne pas lieu de s'inquiéter quant à d'éventuels effets néfastes sur la santé de la population générale, y compris celle des gros fumeurs.
Remarque importante : Le tabagisme reste le facteur à risque le plus important de développer un cancer du poumon. Aucun micronutriment ne peut compenser un mode de vie malsain.