La patate douce a démontré ses vertus santé
Quelle part prennent les produits locaux dans l’alimentation antillaise ?
La Guadeloupe importe près de 80 % de son alimentation. Nous consommons donc essentiellement des aliments raffinés possédant des index glycémiques (IG) élevés (pommes de terre, riz précuit, pain blanc, soda, sucreries, etc.) auxquels il faut rajouter le sucre de canne local (IG= 70).
La mesure de l’index glycémique sert à évaluer le pouvoir glycémiant d’un aliment par rapport à un aliment de référence en général le glucose (IG = 100). Plus l’IG est élevé (supérieur à 70), plus la libération de l’insuline dans le sang sera importante et plus le taux de sucre sanguin sera élevé dans les 2 heures qui suivent l’absorption de l’aliment.
A côté des aliments importés, nous ne mangeons quasiment pas de fruits et de légumes locaux pourtant riches en vitamines et avec des index glycémiques souvent bas comme les patates douces, la mangue, la papaye, les pois de bois, les pois boucoussous.
Qui dit aliments raffinés dit risque potentiel de surpoids et de diabète. Qu’en est-il ?
Le fait de consommer des aliments à IG élevés comme la pomme de terre et ses produits transformés augmente en effet le risque de diabète et de surpoids. La Guadeloupe consomme ainsi annuellement 9 000 tonnes de pommes de terre fraîches et une quantité très importantes de pommes de terre transformées comme les frites congelées (restaurants, fast-foods, cantines), les purées déshydratées, les chips, etc. Aujourd’hui le constat est plus qu’inquiétant : 16 % des enfants guadeloupéens et près de 20 % des petits Martiniquais soufrent d’obésité selon l’observatoire de la santé. 6 % de la population adulte souffre par ailleurs de diabète. Cette maladie connaît de fortes variations selon les communautés : c’est ainsi que pour la population indienne, la prévalence passe à 36 %.
Existe-t-il des légumes locaux pouvant concurrencer des aliments à IG élevé comme la pomme de terre ?
Originaire d’Amérique du Sud, la patate douce, cultivées aux Antilles, n’appartient pas à la même famille que la pomme de terre. Présentant les mêmes qualités culinaires que cette dernière, elle diffère par ses propriétés nutritionnelles. Premièrement, la patate douce possède un IG de 50 qui la classe parmi les aliments à IG bas. Ensuite, elle présente des vertus santé démontrées. Selon la couleur de la chair, les propriétés nutritionnelles diffèrent et les effets sur l’organisme aussi. Ainsi les variétés jaunes seraient plus riches en vitamines A et C et protègeraient contre les cancers de l’estomac. Une variété violette, appelée en Guadeloupe « patate betterave », est riche en dérivés phénoliques anthocyaniques ayant des propriétés détoxifiantes en médecine traditionnelle et des effets pharmacologiques démontrés : antioxydants, antimutagéniques, hypoglycémiants, chimiopréventifs contre certains cancers.
Comment expliquez-vous que la patate douce, vu ses qualités, n'est pas plus consommée que la pomme de terre ?
La logique voudrait en effet que nous mangions nos cultures locales. Cependant, le circuit de distribution de la patate douce est très mal organisé et la production hétérogène (forme et poids variables, pas de variété régulière sur toute l’année). De plus, la valeur nutritionnelle de la patate douce est méconnue et l’image des produits locaux est dévalorisée au profit de celle des aliments importés. Enfin, il n’existe aucun produit transformé à partir de la patate douce.
Source :
http://www.lanutrition.fr/Henry-Joseph- ... 12-74.html