par SOUDON » 2 Mai 2014 10:45
L’organisme synthétise la carnitine dont il a besoin à partir des aliments. Les meilleures sources sont la viande, surtout la rouge, et, à un moindre degré, les produits laitiers, l’avocat et le tempeh (un produit à base de soya fermenté). On estime que, dans nos sociétés modernes, l’apport alimentaire de carnitine se situe entre 20 mg et 200 mg par jour, soit une quantité beaucoup plus faible que les doses administrées au cours des études cliniques. Cependant, la carnitine d’origine alimentaire est beaucoup mieux absorbée (75 %) que celle sous forme de supplément (de 5 % à 18 %).
Carence en carnitine
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La carence en carnitine est relativement rare. Elle peut être causée par l’usage de certains médicaments (l’acide valproïque, un anti-épileptique, et les inhibiteurs de la transcriptase inverse comme l’AZT, par exemple) ou par des traitements prolongés de dialyse.
Elle peut également être due à certaines maladies génétiques ou à un dysfonctionnement métabolique qui interfère avec la synthèse normale de cette substance dans l’organisme.
Les nouveau-nés prématurés qui sont sous intubation risquent de souffrir d’une carence en carnitine. Elle se manifeste par un affaiblissement musculaire, une fatigabilité accrue et de l’arythmie cardiaque.
Historique de la carnitine
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La carnitine a été isolée de la viande rouge en 1905 et synthétisée en laboratoire dès 1927. Malgré des études intensives menées durant les années 1930, ce n’est que dans la seconde moitié du XXe siècle qu’on a compris son rôle de transporteur de lipides dans les cellules.
Lorsqu’en 1973 les premiers cas de carence en carnitine ont été décrits dans les revues médicales, des experts ont voulu attribuer à cette substance la qualité de vitamine essentielle puisque certaines personnes avaient besoin d’un apport supplémentaire afin de maintenir une bonne santé. D’autres s’y sont opposés en faisant remarquer que, normalement, l’organisme synthétise lui-même la carnitine dont il a besoin, ce qui ne peut être le cas d’une vitamine. Ce débat se poursuit encore aujourd’hui. Pour sa part, Santé Canada la considère comme un acide aminé.
Ce sont principalement les culturistes qui ont recours à la carnitine dans l’espoir de réduire leur masse graisseuse tout en augmentant leurs performances et leur vitesse de récupération après l’effort, mais ces effets n’ont pas encore été démontrés.
Recherches sur la carnitine
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Efficacité incertaine Amélioration des performances physiques. La carnitine améliorerait la capacité à fournir des efforts physiques chez les personnes souffrant de troubles cardiaques, d’insuffisance respiratoire, d’insuffisance cardiaque ou de carence en carnitine (voir son usage médical dans l’encadré). Cependant, il n’est pas prouvé que cette amélioration se produit aussi chez des personnes en bonne santé ou des athlètes.
Des études préliminaires ont suggéré que la carnitine pourrait accroître les performances physiques des sportifs1-2, mais des études ultérieures n’ont pas réussi à confirmer ses effets5,7-9. Elles indiquent que la supplémentation n’augmente ni la teneur en carnitine dans les muscles3,4,7, ni la production d’énergie pendant l’effort6-9. Par contre, la carnitine pourrait réduire le stress musculaire après l’effort10,11,29-31.
Usage médical. La carnitine, par voie orale ou intraveineuse, est utilisée, à titre encore expérimental, dans le traitement de certaines maladies32. Ainsi, elle semble avoir un effet positif sur les personnes souffrant de certains troubles cardiovasculaires (angine de poitrine, maladie coronarienne, artériopathie périphérique). Elle en atténue les symptômes, améliore la capacité des malades à produire un effort et, dans certains cas, permet une diminution de la médication12-20,27,33.
La carnitine fait également preuve d’une certaine efficacité dans le traitement des neuropathies périphériques causées par le diabète de type 221,22,34. ou par les traitements antirétroviraux du VIH28,35.
Par contre, son efficacité pour traiter le déclin cognitif associé à la maladie d’Alzheimer reste controversée23,24.
Note. La compagnie Sigma-Tau commercialise un supplément d’acétyl-L-carnitine (ALCAR®) aux États-Unis en alléguant qu’il peut améliorer la mémoire et la concentration chez les adultes et les personnes âgées en bonne santé. Cela reste à prouver.
Sur les tablettes
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La carnitine est une substance qui ne peut être délivrée que sur ordonnance médicale. Sa vente libre est interdite.
Le 3 septembre 2008, Santé Canada a fait retirer du marché canadien, 22 produits vendus sous le nom de ***, ***, *** et ***. Parmi ces produits, non homologués par Santé Canada, plusieurs contenaient de la carnitine et 3 d’entre eux étaient contaminés par des bactéries.
Le 26 mai 2010, Santé Canada a saisi des produits de santé non homologués dans un magasin en Colombie-Britannique37. Ils contenaient des substances ne pouvant être vendues que sur ordonnance, dont entre autres la carnitine.
Précautions
Attention
Les troubles cardiaques, la maladie d’Alzheimer et la neuropathie diabétique nécessitent un suivi médical.
Contre-indications
À la fin des années 1990, des auteurs recommandaient d'éviter de prendre de la carnitine en cas de troubles hépatiques (du foie). Pourtant, selon des essais récents, la carnitine aurait plutôt des effets bénéfiques en cas d’insuffisance hépatique25,26.
On a rapporté, chez des patients épileptiques, des cas où la carnitine avait fait augmenter la fréquence des crises.
La carnitine alimentaire est sans danger, mais on ne dispose d’aucune donnée sur l’innocuité des doses pharmacologiques de ce supplément chez les enfants, les femmes enceintes et celles qui allaitent.
Effets indésirables
Généralement bien tolérée, la carnitine peut, à l’occasion, causer de légers troubles gastro-intestinaux.
La prise de plus de 3 g de carnitine par jour peut engendrer une odeur corporelle de poisson.
Des cas d’agitation accrue chez les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer ont été rapportés.
Interactions
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Avec des plantes ou des suppléments
Aucune connue.
Avec des médicaments
On a rapporté que la carnitine pouvait contribuer à augmenter les effets de l’acénocoumarol (Sintrom®), un anticoagulant qui agit moins longtemps que la warfarine. On ignore si la carnitine augmente les effets de cette dernière.