par Seb06300 » 2 Juil 2011 13:42
Interview Persephone
À qui s’adresse Nutrition de la force ?
Julien Venesson : À la plupart des sportifs, ceux qui surveillent leur poids, ceux qui ont besoin de prendre du muscle, de la puissance dans leur activité sportive. Les sports concernés sont la musculation mais aussi le rugby, la boxe, les sports de combat et les arts martiaux en général, l’escalade, le sprint… bref tous les sports qui font appel à la musculation dans la préparation physique.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
La nutrition est un domaine de la recherche médicale en plein essor. L’impact de la nutrition sur la santé est de mieux en mieux perçu et le grand public est très friand d’informations pour améliorer sa santé et son bien-être. Dans le domaine sportif, les informations fiables sont très difficiles à trouver car elles sont noyées dans un flot de données contradictoires. Régulièrement confronté aux questions des sportifs dans ma profession, j’ai voulu apporter des réponses claires en réunissant au sein d’un seul et même ouvrage une information complète et fiable qui sera utile aussi bien au sportif amateur qu’au sportif professionnel en compétition.
Pourquoi tant d’infos contradictoires selon vous ?
Parce que l’information suit un long chemin avant de parvenir aux oreilles du grand public, elle est d’abord lue et interprétée par un journaliste puis retransmise parfois plusieurs fois. Un parcours inévitable pour rendre compréhensible le jargon spécialisé des chercheurs. Néanmoins, un grand nombre de journalistes ne possèdent pas la formation ou le bagage nécessaire au décryptage de certaines études et en tirent des conclusions hâtives. C’est pourquoi un jour on peut entendre que la carotte est cancérigène, le lendemain qu’elle ne l’est pas. Un autre problème est que la science avance. En ne se tenant pas au courant des dernières recherches, on finit par ressasser de vieilles connaissances obsolètes qui n’apportent plus rien. Afin d’éviter ces travers, je lis les informations à leurs sources : les études des chercheurs eux-mêmes, que je décortique depuis maintenant plusieurs années. En cas de doute, j’essaye de recueillir l’avis de chercheurs ou de spécialistes.
Comment personnaliser sa nutrition ?
Il existe une multitude d’individus aux besoins très différents. Par exemple les femmes trouvent surprenantes les quantités que peuvent ingérer leurs maris ! Une nutrition de pointe, dans le but d’optimiser ses performances et sa santé se doit d’être personnalisée. Dans mon livre, j’introduis le concept du « typage nutritionnel ». Totalement nouveau, ce concept permet de déterminer la tendance particulière du métabolisme énergétique de chacun et donc d’affiner ses besoins en macronutriments ; c’est la première étape vers la personnalisation de la nutrition.
Préconisez-vous le recours aux compléments alimentaires ?
Pas systématiquement. Les compléments alimentaires doivent toujours être utilisés dans un but précis. L’utilisation déraisonnée est au mieux sans effet (on gaspille son argent), au pire dangereuse pour la santé à long terme. Dans mon livre, j’expose donc dans quel cas se supplémenter et dans la mesure du possible, à quelles doses. Par exemple, la transpiration pendant l’effort augmente les pertes de sodium et de zinc. Un complément alimentaire peut aider à compenser ces pertes.
Quels sont les trois compléments alimentaires indispensables quand on fait de la musculation ?
Si les compléments alimentaires spécifiques du sportif représentent un marché en plein essor, il faut reconnaître que l’innovation réside plus souvent dans le marketing que dans la formulation. L’important est donc de bien connaître les substances maîtresses. Si j’avais trois compléments alimentaires à conseiller à un pratiquant de musculation ce serait la créatine, les oméga-3 et une boisson de l’effort bien adaptée aux besoins.
Quels sont les aliments à éviter absolument ?
Il n’y a pas d’aliment à éviter à tout prix. Tout dépend de nos contraintes personnelles et sportives. Si vous êtes un accro de la pizza, en manger une occasionnellement, une fois par mois ne vous portera pas préjudice mais si vous êtes dans une période de pré-compétition ou de sèche, mieux vaut choisir la rigueur. D’une manière générale il vaut mieux éviter les produits industriels et essayer de se rapprocher d’une alimentation la plus naturelle et la plus « intacte » possible.
Pour développer sa masse musculaire faut-il obligatoirement passer par un programme diététique de prise de masse ?
Non. Ce concept a fait du chemin et aujourd’hui l’expérience montre qu’il est possible de progresser sans effectuer de « prise de masse ». Il faut simplement apporter les calories adéquates et une nutrition ciblée aux bons moments. La prise de masse reste un outil utile mais ne s’adresse pas à tous les sportifs, elle est même parfois contreproductive. Un boxeur ou un judoka qui souhaite gagner en force et en masse musculaire n’a pas forcément envie de ressembler à un sumo pour pouvoir atteindre ses objectifs. Pour ces personnes, un programme de prise de muscle simple ou une alimentation cyclique conviennent bien.
Que conseilleriez-vous à un pratiquant de musculation de niveau avancé qui ne parvient pas à se débarrasser d’une couche de graisse au niveau des abdos ?
Il y a deux composantes dans cette problématique : l’entraînement et la nutrition.
L’entraînement d’une part : il faut entraîner ses abdominaux correctement avec des séries très longues, quotidiennement ou presque. Une série ne se comptera plus en nombre de répétitions mais en durée totale, soit par exemple 4 séries de 7 minutes chacune. Trente minutes d’entraînement quotidien suffisent, à effectuer à n’importe quel moment. Cet entraînement va stimuler la lipolyse, mécanisme indispensable pour se débarrasser des graisses.
La nutrition d’autre part : il faudra diminuer un peu son apport calorique en suivant les recommandations de mon livre pour perdre du poids lentement en fonction de son type nutritionnel et bien choisir ses aliments en particulier des glucides à index glycémiques bas. On pourra encore améliorer les résultats en augmentant son apport en acides gras oméga-3 par exemple.
Vous coachez bon nombre de sportifs sur le plan nutritionnel dont certains de haut niveau. Quel est le résultat sportif dont vous êtes le plus fier ?
Une belle réussite ne vient pas seulement de moi, elle est toujours la conjonction de la volonté du sportif et de mon suivi. C’est toujours une belle victoire lorsqu’un sportif arrive à contrôler ses problèmes de santé par la nutrition et à relancer sa progression. J’ai déjà suivi des personnes atteintes de maladie de Crohn ou de troubles anxio-dépressifs avec succès, l’un d’eux est d’ailleurs devenu un ami. La plus belle performance reste sans doute celle atteinte par Alexandre Khatchadourian qui a réussi à soulever une barre de 200 kilos au développé couché (sans équipement).
Propos recueillis par Elvire Nérin.