par Nutrimuscle-Conseils » 11 Mai 2023 15:01
Les scores intégrés de variété et diversité alimentaire et les profils de mode de vie sont liés à la richesse du microbiote intestinal et aux entérotypes pour différents profils cardiométaboliques (étude MetaCardis)
Nutrition Clinique et Métabolisme Volume 37, Issue 2, Supplement 2, May 2023, Pages e20-e21 CO8_44 S. Adriouch
Introduction et but de l’étude
Les habitudes de vie (alimentation, activité physique, tabac) sont associées au microbiome intestinal qui, à son tour, peut moduler le métabolisme de l’hôte et les maladies. La baisse de richesse et les changements de composition du microbiote sont des phénotypes habituels dans les maladies chroniques liées à la nutrition. Cependant, les liens spécifiques entre les différents profils alimentaires (diversité et variété de l’alimentation, groupes d’aliments, nutriments) et ces phénotypes microbiens sont à déterminer dans les maladies cardiométaboliques.
Matériel et méthodes
Nous avons réalisé des analyses métagénomiques quantitatives et des analyses détaillées du mode de vie chez 1 643 personnes de la cohorte transversale européenne MetaCardis, pour lesquelles nous disposons des données du régime alimentaire et d’un mode de vie à long terme (score d’activité physique, tabac, etc.), d’un séquençage métagénomique, ainsi que de données sur les marqueurs sanguins en lien avec leur santé métabolique et inflammatoire. En particulier, une série de scores de diversité et variété alimentaire ont été calculés à partir des questionnaires de fréquences alimentaire validés dans 3 pays européens et mis en relation statistique avec les données du microbiote (richesse, entérotypes, composition).
Résultats et analyses statistiques
La richesse microbienne, un indicateur de la santé du microbiome, est significativement associée à une qualité et une diversité alimentaire et à une activité physique totale plus élevées et à un statut de non-fumeur. Ces paramètres représentent à eux seuls 8 % de la variance totale de la richesse microbienne intestinale, dans les groupes de maladies étudiés. De façon intéressante les relations entre richesse et diversité alimentaire et richesse microbienne n’étaient pas dépendante de la qualité de l’alimentation.
De nombreux autres éléments de l’alimentation étaient associés à la richesse du microbiote intestinal et à la variation de la composition du microbiome ; les éléments les plus significatifs étant la diversité et la variété de l’alimentation, les polyphénols totaux, plusieurs sous-classes de polyphénols et certains nutriments, tels que (l’apport en choline), les vitamines B3, B9, B7 (biotine) et D ainsi que certains lipides tels que les graisses mono- et polyinsaturées, les oméga 6 et les oméga 3. De plus, un meilleur score de l’eHEI (« ehealthy Index questionnaire »), de la diversité de l’alimentation et du mode de vie sont corrélés à une prévalence plus élevée de l’entérotype Ruminococcus, des espèces Faecalibacterium prausnitzii et Subdoligranulum variabile, et à une prévalence plus faible des espèces appartenant au genre Bacteroïdes, (comme Bacteroïdes dorei vulgatus et Bacteroïdes uniformis). Des relations entre les profils inflammatoires de l’alimentation et l’enterotype caractéristique de dysbiose (bacteroides 2) ont aussi été observées.
Conclusion
Nous avons montré une association entre la qualité du régime alimentaire, la diversité et la variété du régime, le tabagisme et le niveau d’activité physique avec la composition du microbiote intestinal dans le contexte de différents profils cardiométaboliques. Ces résultats mettent en lumière la relation entre les habitudes alimentaires et les modes de vie et le microbiote intestinal et pourraient avoir des applications thérapeutiques dans le traitement et la prévention des maladies.